C'est avec plaisir (et pas sans un certain honneur) que l'interview qui va suivre inaugure une série d'entretiens avec les plus célèbres designers graphiques de la planète.
Vous le croiseriez dans la rue, vous ne le reconnaîtriez pas. Les plus passionnés des graphistes pourraient éventuellement connaître son nom. Et pourtant, tout le monde ou presque a un jour porté, regardé, lu un de ses logos. Gerard Huerta, californien de souche, est en effet reconnu comme l'un des plus grands designers graphiques de sa génération, et si son nom ne vous dit rien, peut-être que ses logos vous parleront mieux. AC/DC, HBO, PC Magazine, Time, Adweek, Eternity by Calvin Klein, Spelling Entertainment, ou bien encore le SuperBowl, tous ont en commun un logo dessiné par Gerard Huerta, qui a accepté de répondre aux questions d'ActuLogo :
ActuLogo : Que représente le logo pour vous aujourd'hui ?
G. Huerta : Un logo devrait simplement être un instant, un identifiant positif d'une marque ou d'une entreprise. Cela se concrétise par deux choses : un grand design et une forte exposition de ce design. Son aspect unique est spécialement important de nos jours, dans la mesure où nous sommes bombardés de tant d'imagerie visuelle.
AL : Vous avez dessiné de nombreux logos mondialement connus, comme ceux d'AC/DC, de HBO, de Spelling Entertainment, ainsi que de très nombreux titres de presse. Quel est votre processus créatif pour un logo ?
G.H. : J'aime trouver quelque chose dans le verbe, des mots ou des symboles qui deviendraient un unique visuel. Je concrétise cela avec la méthode à l'ancienne du dessin au crayon et du papier, et avec beaucoup d'aperçus. Ensuite je sélectionne ceux que je veux présenter et je les scanne pour les redessiner sous Adobe Illustrator.
AL : Selon vous, qu'est-ce qui fait un bon logo ?
G.H. : La simplicité, la capacité à s'adapter à de nombreux usages, de bons traits de dessin, et la fidélité de ce qu'il représente, voilà ce qui fait un bon logo.
AL : Si vous ne deviez choisir qu'un seul logo dans l'histoire du design, lequel retiendriez-vous ?
G.H. : C'est difficile de n'en choisir qu'un ! J'aime ceux de Ford et de GE pour leur capacité à s'accrocher à leur histoire, tout en restant uniques. Bien sûr, l’œil de CBS me vient à l'esprit, avec encore une fois, beaucoup d'histoire et de durée derrière.
Il reste simple et contemporain après tant d'années d'utilisation. Et probablement le plus connu au monde : le logo Coca-Cola. Je pense que ces entreprises, qui ont une histoire graphique, ne devraient en aucun cas s'en séparer juste parce que quelqu'un veut opérer un rebranding dessus.
AL : Comment expliquez-vous l'évolution de nombreux logos vers cet effet "glossy" ? Que pensez-vous de cette mode du logo "Web 2.0" ?
G.H. : Je pense que c'est fonction de la capacité à appliquer facilement des effets numériques. Autrefois, on finalisait les objets avec des bombes, des pinceaux à air, etc... mais il est tellement facile maintenant de créer des objets multidimensionnels avec les logiciels. Mais comme toutes les modes, ça paraîtra désuet à un moment, tout comme les typographies illisibles des années 1990, ou les typos psychés des années 1970.
AL : Selon vous, quelle pourrait être l'évolution des logos dans le futur ?
G.H. : Je ne suis pas sûr. Je pense que la simplicité des formes et la lisibilité feront toujours partie des bons logos, mais qui sait où cela mènera ?
AL : Y'a-t-il un changement récent de logo qui vous ait marqué ?
G.H. : Il y a cette nouvelle identité de Diet Coke, bien que je n'en ai vu que le packaging. Je ne sais pas si il y a un nouveau logo complet, tel qu'il apparaît sur les bouteilles. J'étais sidéré par sa simplicité, tout en m'interrogeant sur le manque d'histoire tant coca-Cola est une marque distinctive. Ils ont tellement réussi à séparer Diet Coke du Coca-Cola original, pas seulement dans le design, mais aussi dans le nom.
AL : Un conseil pour les graphistes débutants dans le logo ?
G.H. : Dessinez. Croquez vos idées sur du papier. Vous résoudrez 90% du graphisme avant d'attaquer votre travail sur numérique. nous dessinons tous de manière unique, et après tout, ne cherchons-nous pas tous quelque chose d'unique ?
Unique, c'est en tout cas l'adjectif adéquat pour définir le travail de Gerard Huerta, que je remercie vivement pour m'avoir accordé cet entretien.
Intéressant, merci.
Par contre côté traduction, « airbrush » veut dire aérographe, pas pinceau à air ;)
Bonne et intéressante initiative que de telles interviews.
Au plaisir de lire les prochaines =)
uuuhhhh, quel interview, respect Messieurs ;)
Bravo pour cette première interviews ! Et chapeau Gerard Huerta pour tout ses logos !