Dans les couloirs des agences de design graphique une rumeur bruissait depuis quelques mois : Le Louvre allait changer son logo. D'ailleurs, en décembre dernier l'agence de communication "Le rêve bleu" avait remporté le marché public dédié à ce sujet. Entre temps, Pierre Bernard, le créateur de ce logo avait cassé sa pipe et son pot à crayons, laissant sa création orpheline et sans défense.
On le sait, il s'agit d'un sujet épineux. D'un côté, une congrégation graphique internationale prête à crier au haro, et de l'autre une équipe dirigeante au Louvre soucieuse d'introduire le fleuron culturel au CAC40 des plus grandes marques du monde.
Un logo provisoire
En attendant la finalisation du nouveau logo, le musée ne souhaitant plus communiquer avec l'ancien logo s'était même entiché d'un logo provisoire, que l'on peut encore voir sur d'anciennes affiches au détour d'un couloir de métro.
Let the sunshine in Paris...
Bernard Stone, directeur de création de l'agence "Le rêve bleu", nous raconte le dessous des cartes. "En fait, le cahier des charges n'était pas très clair au départ. Une étude marketing très poussée avait été produite en 2014, et elle laissait entrevoir un souci sémiologique dans la conception même de ce logo. En effet, les gardiens du Louvre n'avaient jamais compris pourquoi les touristes visitaient irrémédiablement le Louvre avec un parapluie. Pour des raisons évidentes de sécurité et de préservation des œuvres, ces derniers étaient obligés d'orienter les visiteurs vers le vestiaire, doublant ainsi le temps d'attente à l'entrée du musée. Pour notre équipe de graphistes, poursuit Bernard Stone, la raison était évidente : "Un ciel d'orage dans un logo ! Vous n'imaginez pas la désastreuse portée inconsciente de cette image sur l'institution parisienne. Déjà qu'on pense que Paris est "gris" !
En revanche, le directeur de l'agence est formel :"Il n'a jamais été question de changer complètement de logo ! Ce logo est formidable, il enferme l’air de Paris à l’instar de la pyramide de Pei, et il « redonne du ciel aux Parisiens », un espace d’émerveillement. Nous avons juste pris le temps de trouver la bonne image. Un temps sous la pression de la direction "développement durable", nous avions testé une photo de coquelicots, mais les ayants droit de Monet nous ont refusé l'autorisation. C'est donc naturellement que nous avons pris un selfie du soleil, à l'instar de ces millions de touristes sur Instagram.
Depuis la mise en exploitation de ce logo, les gardiens du temple de la culture ont libéré les files d'attente du vestiaire, mais font face à une nouvelle problématique, de plus en plus de touristes japonais se plaignent de ne pas pouvoir voir la Joconde. En effet, ils ont beau être de la culture du soleil levant, l'astre reste l'ennemi du teint hâlé symbole de jeunesse et de beauté, ces derniers visitent donc le musée derrière de grosses lunettes de soleil, dont l'opacité s'ajoute aux filtres anti-flash de la madone de Vinci. "On ne peut pas plaire à tout le monde" répond laconiquement le directeur de la communication du musée.
Ce nouveau logo devrait être mis en ligne sur le site internet de l'établissement dès ce premier avril !
[ Erratum le 2 avril : Ceci est un poisson d'avril ]