Miles Newlyn, le design à la cool

Aujourd'hui dans notre série d'interview des dieux du stylet, j'ai le plaisir de vous offrir une interview d'un designer de logo fortement réputé autour du globe, monsieur Miles Newlyn...

Encore une fois, si son nom ne vous dit rien, ses travaux vous seront certainement très familiers. Unilever, Suez, Honda, Société Générale ou encore Skittles ne sont que des exemples de logos dont ce londonien, également reconnu pour son travail typographique via la fonderie X&Y qu'il a créée, est capable. Designer indépendant, Miles Newlyn n'a jamais travaillé au sein d'une agence, fait plutôt rare pour un graphiste de cette envergure.

Portant un regard nouveau et non conventionnel sur la création de logotypes, Miles Newlyn a accepté de répondre aux questions d'ActuLogo.

ActuLogo : Que représentent les logos pour vous aujourd'hui ?

 

Miles Newlyn : Le rôle d'un logo aujourd'hui, c'est simplement d'être reconnaissable, mémorisable et distinct des autres. C'est l'identifiant d'un organisme.

AL : Vous avez dessiné de nombreux logos connus mondialement, comme Unilever, Suez, ou encore ceux de la Tate Gallery. Quel est votre processus créatif pour un logo ?

 

M. N. : On me demande souvent de décrire mon processus. Je n’en ai pas. Ce qui me surprend, c’est que quand je vois ce que j’ai fait, beaucoup de personnes assurent qu’il y a un certain process qui ait mené au résultat. Mais la créativité n’est pas un processus, c’est un état. Au mieux je peux dire que j’écoute, j’apporte mon attention complète au client. Je ne laisse rien entraver cette attention. Il n’y a pas d’agenda, rien que je ne veuille achever, il n’y a aucun besoin à partir du moment où j’aime le faire. Si le travail est effectué avec joie, conscience et confiance, ce sera le meilleur que vous puissiez faire.

J’essaie de poser un minimum de questions, sachant que les questions incluront toujours des réponses cachées. C’est mieux de laisser quelqu’un parler et d’écouter. Faites ça face à face dans une situation pacifique et neutre. J’admire l’enthousiasme, et l’enthousiasme des gens, qu’ils soient clients ou collègues, me mènera à de meilleurs travaux.

AL : Pour vous, qu'est-ce qui rend un logo meilleur qu'un autre ?

M. L. : Sa fraîcheur.

AL : Si vous ne deviez choisir qu'un seul logo dans l'histoire du design, ce serait lequel ?

M. L. : Le Smiley de Harvey Ross Ball, parce qu’il me rend heureux !

(Ce smiley, véritable icône des années 80 et 90, était à l'origine un logo créé en 1963 pour une compagnie d'assurance américaine, pour la modique somme de 45 dollars - NDLR)

AL : Comment expliquez-vous l'évolution de nombreux logos vers ce style "glossy", "Web 2.0" ?

M. L. : Les boutons “gel” d’Apple ont eu un énorme impact sur le style des logos. C’est aussi parce que le fait d’associer logo et bouton offre une action, une interaction au consommateur, comme pour les icônes d’un bureau d’ordinateur offre des actions informatiques.

AL : Quelle pourrait être, selon vous, l'évolution des logos dans le futur ?

M. L. : L’évolution future des logos dépendra de l’évolution des noms. Je ne sais pas pourquoi, mais les gens pensent que logo et nom sont en quelque sorte indépendants, peut-être est-ce parce que la plupart des designers font rarement du nommage.

Je vois beaucoup de logos « flexibles » ou « mouvants », mais ce sont tous des ratages. Plus tôt les designers cesseront d’utiliser cette béquille, mieux ce sera.

AL : Y-a-t'il un changement récent de logo qui vous ait marqué ?

M. L. : J'avoue ne pas prêter attention à ce que font les autres designers, cependant je suis très intéressé par ce que Renault pourrait faire bientôt...

AL : Un conseil pour les graphistes débutants ?

M. L. : Soyez extrêmement cools, ne regardez jamais les travaux de design des autres à moins que vous ne tentiez de les copier, comprenez que les spécialistes peuvent vous aider, cherchez la vérité et riez des tendances.