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C’est Noël ! Le Parti Communiste change de logo !

logo parti communiste français

C'est Noël au Parti Communiste Français !

À l'occasion de son congrès annuel, le Parti Communiste Français (PCF) vient de se faire un petit cadeau : "Un nouveau logo !"

C'est un événement, puisque le précédent logo datait de 1990. À l'époque la révolution graphique avait consisté en l'abandon de la faucille et du marteau.
Bienvenue en 2018. L'écologie s'invite au programme, et une petite feuille (rouge ?) vient coiffer la tête de la petite étoile.

Décryptage du logo

Bon, alors c'est simple, prenez une étoile rouge et croisez-la avec une pomme, rouge évidemment, vous obtiendrez ce logo. Le procédé est simple et classique, le résultat idem. À vrai dire, graphiquement, ce logo n'a rien de transcendant, sans pour autant être condamnable. Enfin... si. On aimerait bien être transcendé justement !

Le petit film de présentation vous expliquera tout ce que ce logo est censé résumer. L'humain, l'engagement, l'écologie, le temps des cerises, le progrès, l'étoile, la France ouverte... Notons quelques maladresses, comme cette flèche illustrant l'idée de progrès qui pointe vers le passé !

Il reste que, mis à part l'écologie et l'étoile communiste, on ne peut pas dire que l'on y voit grand-chose d'autre. Rien qui n'entre en écho avec la promesse du PCF  "l'humain d'abord".

Question typographie, on ne peut pas dire que le choix soit marquant non plus. Une linéale genre "Gotham". Zéro risque. Rien d'autre à dire.

Quant à la couleur... le nouveau rouge est plus plus lumineux. À moins que ce soit un peu comme mettre de l'eau dans son vin ?

Un logo réalisé en interne

C'est l’équipe de communication, dirigée par Julia Castanier, qui a conçu ce logo. Pour cela, ils ont « interrogé hors (des) murs » du PCF sur ce qui fait défaut à l'image du parti. « Le PCF ne souffre pas d’une faiblesse de notoriété, mais là où ça devient plus complexe c’est lorsqu’on interroge sur notre image. On nous dit pas assez fort, pas assez identifiable, pas assez visible et surtout pas assez moderne », analyse Fabien Gay, sénateur de Seine-Saint-Denis.« Nous sommes tous convaincus de la modernité de notre combat, de la modernité du communisme, de son urgence même face à cette crise qui broie l’humain et détruit notre planète alors il n’appartient qu’à nous d’en faire la démonstration », poursuit-il.

En résumé, "notre image est associée au XXe siècle, il faut qu'on se bouge..." !

Joyeux Noël ?

Aussi étonnant que cela puise paraitre, le père Noël ne s'habille pas en rouge à cause de Coca Cola ! Le père Noël était communiste ! Et oui, il faut le savoir ! D'ailleurs il distribue ses cadeaux à tout le monde, de manière parfaitement équitable, et sans frontière.

Restons dans l'analyse du logo. Sans digression farfelue s'il vous plait !

En découvrant ce logo, on pense forcément à ce genre de petite étoile que l'on accroche au sapin de Noël. Avec cette petite boucle en fil doré. C'est mignon comme image... Cependant, on est bien loin de l'urgence de la mobilisation face aux crises sociales et environnementales...

En fait c'est comme à Noël, on est souvent déçu par les cadeaux.

Comment verdir du rouge ?

- "Bon, chers camarades, on a un problème, les "verts" nous damnent le pion à chaque élection. Comment on fait ?"

-  "Faisons comme Mac Donalds, rajoutons du vert dans notre logo rouge !"

- "Euh... ça ne va pas faire du marron caca d'oie ?"

- "Alors, mettons une feuille ! Comme le logo de Montreuil !"

- "Bonne idée ! Ça fera un peu Apple ! Il est moderne le logo d'Apple !"

On l'aura compris, la question de l'écologie aura rattrapé tous les partis politiques. Nous sommes en 2018. On a identifié les causes du réchauffement climatique depuis plus d'un quart de siècle. Tout va bien.

En fait, le principal reproche que l'on peut faire à ce logo, c'est qu'il a 20 ans de retard, au lieu d'avoir 20 ans d'avance. Si il s'agissait d'un logo de primeur pour les fêtes de Noël, ça irait. Mais là, flûte ! C'est le parti communiste quand même ! 100 ans d'âge, deux guerres mondiales, et des idéaux qui résonnent encore farouchement. Ces notions de biens communs, de creatives commons, de société du partage, de revenu universel... ne dérivent-elles pas toutes des idéaux communistes (et socialistes) ?

Un graphisme de gauche...

On attendait donc une identité visuelle digne de ce nom. Un projet qui envoie du lourd. Un truc qui fasse rêver, qui dessine un imaginaire à toutes ces idées de gauche. Et non un petit logo sympa.

La force d'un signe n'est pas dans ce qu'il raconte immédiatement, mais dans tout ce qu'il pourra révéler... On parlera de signe "fertile", de signe qui ouvre des possibles, qui fait rêver, qui construit autour de lui un imaginaire plus grand que lui.

Il fut un temps où le parti communiste avait une véritable vision graphique. Un temps où les plus grands artistes, architectes, designers étaient convoqués pour mettre en image leurs idées. Guernica, c'est une commande du parti communiste à Picasso. Oscar Niemeyer, le PCF lui commande les plans de son siège. Roman Cieslewicz, on lui confie la direction artistique d'un journal. Grapus ce sera des affiches. Michel Quarez, ne quitte jamais la ceinture rouge de la Seine-Saint-Denis. Et plus contemporain, le collectif Formes Vives qui accompagne le mouvement "Jeudi noir"...

Alors, oui, à côté de cette longue histoire graphique, ce petit logo étoilé semble bien pâle !
Si on fait abstraction de tout ça, alors il est pas mal ce logo !
Au moins aussi inspiré que les affiches du candidat PCF aux Européennes.

La faucille et le marteau

Un peu d'histoire...
Il va de soi que la faucille et le marteau sont des héritages de la révolution russe de 1918. Mais l'histoire de la création de ce symbole est méconnue.

On est en 1918. C'est l'hiver. Le Conseil des commissaires du peuple s'interroge sur son blason, on ne parle pas encore de logo. À ce stade de la révolution, de nombreuses images circulent. L'artiste Yevgeny Kamzolkin est choisi pour travailler sur ce symbole. Il propose un premier projet, avec une faucille, un marteau et un glaive. Bien sûr, chaque graphiste sait que son client a toujours un avis sur la chose. Là, le client, c'est Staline. Et il demande, dans un rare élan pacifique, de supprimer le glaive. Trop guerrier à son goût.

Faucille. Marteau. La symbolique est connue. Le marteau pour l'industrie. La faucille pour l'agriculture. Le peuple laborieux a son emblème. Mais on oublie aussi que ce symbole représente l'alliance de l'homme (marteau) et de la femme (faucille). En effet, la faucille était l'outil destiné aux femmes, les hommes utilisant la faux. Bref, l'égalité des sexes était déjà prise au sérieux !

La cerise sur le gâteau coco (edit du 29/11/18)

Et puisqu’une identité visuelle ne saurait se limiter à un logotype, je vous propose de découvrir la cerise sur le gâteau, c’est à dire le design des affiches de campagne de Ian Brossat, Chef de file du PCF pour les élections européennes de 2018.

Tout les codes graphiques de cette communication - photo, typos, couleurs et maquette, sont un copier-coller de la campagne électorale des midterms de la démocrate américaine Alexandria Ocasio-Cortez. Pour les plus curieux, je vous invite à lire l'excellent article du site BrandNew à ce sujet.
Portrait détouré sur aplats de couleurs jaune et violet, typographie inclinée dans un style "impactant" et expressif publicitaire. On est proche des codes plastiques issus du constructivisme (ou des matchs de catch ?) et plus particulièrement des célèbres compositions de Rodtchenko. Il est intéressant de constater que ces visuels partagent très peu de points communs avec le nouveau logotype du Parti Communiste Français. L'absence de la couleur rouge est même très surprenante. Mais alors comment revendiquer une nouvelle identité visuelle s'il n'existe aucune connexion conceptuelle et graphique entre le logo et sa charte graphique ?
Le plus frappant dans cette histoire reste l'aveu d'échec d'aller copier ce qui fonctionne ailleurs plutôt que de créer son propre territoire visuel, son propre imaginaire. C'est une preuve terrible d'un manque de vision, et plagier des américains quand on est un communiste français, c’est quand même un comble !
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