Ce 1er janvier 2015, une nouvelle année commence, et l'arrivée des Métropoles dans le paysage institutionnel va voir arriver une fournée de nouveaux logos. Si celui de Lyon Métropole devrait arriver d'ici 2 ou 3 jours. Voici pour commencer celui de Bordeaux Métropole.
Plus qu’un logo, c’est un véritable système graphique qui a été co-conçu par Ruedi Baur et le studio Kubik. Ce studio bordelais et ce designer franco-suisse, pourtant très critique en matière d'identités territoriales, nous proposent une identité en mouvement où chacune des 28 communes de cette agglomération devrait pouvoir s'identifier.
Le point de départ de cette réflexion est la géographie de l’agglomération. Chaque ville est représentée par un point noir. Ces 28 points reliés entre eux par des faisceaux colorés constituent une étoile dont le centre varie en fonction de la commune mise en avant. On obtient donc un logotype "vivant" qui permet à chaque citoyen de situer son lieu de vie, tout en montrant son appartenance à la Métropole. Ainsi le logo ayant pour centre Bordeaux n’a pas tout à fait la même forme que celui de Parempuyre, Ambès, Villenave-d’Ornon ou Saint-Médard-en-Jalles.
Chaque ville de l'agglomération se voit attribuer une couleur. Le logo général étant lui multicolore. On ne peut pas s'empêcher de penser au casse tête que cela a dû être ! Les villes de gauches souhaitant probablement une couleur rouge ou rose, les écologistes du vert, les Ump de bleu... on connait la musique dans ce genre de situations.
Au final, on peut dire que le système est très simple, très beau, très actuel. Il s'inscrit parfaitement dans la tendance des identités visuelles génératives.
Les identités visuelles génératives
On sait que les enjeux liés au design d’une identité visuelle sont nombreux. L’identité visuelle doit simultanément identifier et marquer une différence, se faire reconnaître du plus grand nombre et instaurer une singularité. Dès lors, la question de sa visibilité et sa singularité dans un espace public rempli de milliers de logos se pose.
Traditionnellement, une identité visuelle, qu’elle soit celle d’un produit, d’une marque ou d'une organisation, est conçue sur la base d’un certain nombre de paramètres, généralement liés aux contraintes de son contexte d’utilisation, mais surtout de production. Dès lors l'arrivée de l'écran a considérablement élargi le champ des possibles. On observe donc aujourd’hui une transformation, tant au niveau du fond que de la forme, de l’archétype monolithique du logo que nous connaissons tous. Les temps et les besoins ont donc changé. Fini le discours unique répété à l'infini, et vive l'évolution permettant de prendre en compte la singularité des individus, des projets, des époques et des événements. Ainsi les logos s'adaptent en continu, tout en conservant la cohérence et la reconnaissance nécessaire à une marque. Les identités génératives peuvent donc être vues comme une réponse en phase avec son époque et les nouveaux besoins individuels et collectifs.
Découvrons quelques identités génératives :
Les Alumni de Lausanne
Comment créer une identité forte, tout en montrant la diversité des talents qui la compose ? C'est la question que s'est posée l'Ecole Fédérale Polytechnique de Lausanne (EFPL), qui voit ses étudiants disséminés aux quatre coins du monde après leur passage dans l'école.
L'association des alumni leur a donc conçu une identité visuelle qui reflète cette diversité des parcours : réalisés grâce à un procédé de design génératif, ces logos personnels sont uniques, tout en conservant un aspect global similaire.
Ainsi chaque logo raconte une histoire unique : prenant comme point de départ l'école, au centre, chaque courbe représente l'un des déplacements de l'étudiant. Au final, plus de 100 000 logos différents et personnalisés ont ainsi été générés.
Le MIT Lab
Pour marquer ses 25 ans, le MIT Media Lab s’est doté d’une nouvelle identité graphique. Le résultat est si remarquable, tant par son originalité que par la complexité du système proposé, qu’il séduit immédiatement.
Conçue grâce à un procédé de design génératif, cette identité fait elle aussi appel à la programmation, à l’algorithme. Chaque membre du Media Lab reçoit non seulement un logo unique et personnel, mais également le code source qui permet de le reproduire. Au final cette identité exprime parfaitement la diversité d’ingénieurs, d’artistes, de designers et de scientifiques qui se rencontrent au sein du Media Lab.
OCAD University Toronto
Pour cette nouvelle identité, l'équipe Bruce Mau Design a travaillé étroitement en collaboration avec le l'équipe Market de l'Université OCAD. Le concept est né après une série d'interview d'étudiants et d'enseignants afin de bien saisir "qui était cette école" : un établissement inclusif, dynamique et créatif.
Ainsi est née cette idée d'identité visuelle qui serait comme une "fenêtre ouvrant sur la créativité" de l'école. Un système dynamique et modulaire, où chaque année, les étudiants diplômés seront invités à concevoir leur logos. Au final, une bibliothèque de logos grandit d'année en année, comme l'enregistrement des idées et de l'esthétique de chaque période.
Conférence de Copenhague
Pour continuer sur les identités génératives, voici le travail de Okdeluxe ayant conçu le logo de la conférence sur le climat à Copenhague en 2009.
Pour aller plus loin
On aurait pu citer bien d'autres exemples. Mais si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet, nous pouvons vous conseiller l'ouvrage d'Irene van Nes “Dynamic Identities”. Un ouvrage dont la couverture lenticulaire présente une quinzaine de logos dynamiques !
Vous pouvez en feuilleter un bout ici :