Le branding territorial vu par le FN

23 avril 2014  |   3 Commentaires   |    |  

le branding territorial vu par le fN

sceau-raymond-trencavel-1247Fini "l’esprit de conquête" cher à l’ancien maire de Béziers Raymond Couderc. Son successeur, Robert Ménard (FN), a visiblement décidé de changer le logo de la Ville qui représentait un chevalier lancé, épée en main, sur son cheval au galop. Ce logotype reprenait les grandes lignes du sceau de Raymond-Roger Trencavel, l'un des derniers vicomtes de Béziers. (source)

Comme le fait remarquer Jean-François Prochez sur son compte Twiter, le comble c'est que c'est composé en Minion, une typographie américaine...

Si Robert Ménard a promis d’expliquer son choix très rapidement, il est aisé d'en deviner les grandes lignes au regard da sa ligne politique d'extrême droite conservatrice et protectionniste.

Cependant, après quelque instant de réflexion, le rejet de ce type de démarche conservatrice, laisse place à une profonde interrogation... et la lecture de l'ouvrage collectif "Face au brand territorial" (sous la houlette de Ruedi Baur) me revient à grands pas !

Face au branding territorial

"Face au brand territorial" est un ouvrage collectif, coordonné par le designer Ruedi Baur, qui se veut une analyse et une critique sévère de la misère symbolique des représentations des collectivités territoriales. Devons-nous traiter les identités visuelles de nos territoires de la même manière que des marques de chaussures ? Devons-nous faire de nos villes des produits ?

Autant de questionnement que les designers se doivent de se poser.

Ruedi Baur nous explique "qu'entre les logos des entreprises et des territoires publics, il n’y a plus de différence. On vend notre territoire public comme une valeur marchande. Le branding, c’est toujours la simplification, avec un ou deux éléments dans un logo. D’avoir transposé les stratégies de représentation d’entreprises vers des territoires, des villes, des nations, cela fait qu’il n’y a plus de discours politique, que l’image remplace la réalité. C’est démocratiquement et civiquement très dommageable. Il n’y a plus de transparence. Il faut reconcevoir des systèmes graphiques où apparaissent des éléments communs, mais aussi des différences".

carte-europe-logos

carte-france-blason-logo

Ci-dessus: Extrait de l'ouvrage "Face au Brand territorial".
Comparaison entre une carte des blasons des régions et celle des logotypes des mêmes régions. On peut constater le manque de cohérence générale de la carte des logotypes ! Idem au niveau de l'Europe.

"Les logos des régions de France sont devenus redoutables, se désole Ruedi Baur. Je ne suis pas nostalgique des blasons, mais s’y lisaient des histoires. Quand j’ai travaillé avec l’équipe de l’architecte allemand Finn Geipel pour le Grand Paris, on s’est demandé comment le représenter. Si on mettait les logos des communes les uns à côté des autres, il n’y avait aucune qualité, aucune identité. Avec les écussons, on lisait des cours d’eau, des monuments, des coutumes."

Si une certaine nostalgie peut sembler résulter de cette analyse de Ruedi Baur, ceux et celles qui connaissent son travail n'auront aucune crainte sur la modernité et la richesse culturelle de son travail, bien loin d'une approche conservatrice, encore moins assimilable à la philosophie du FN.

Mais, force est de constater que ce passage de cet ouvrage résonne étrangement à la découverte du nouveau-ancien logo de Béziers. Je ne pense pas que Robert Ménard ai lu l'ouvrage de Ruedi Baur, encore moins que les raisons de ce changement soient issues de la même philosophie, mais le résultat pose question...

City branding, branding territorial, national branding, autant de thématiques qui raisonnent étrangement face au concept nauséabond "d'identité nationale"... le terrain est miné... mais les designers se doivent de l'emprunter pour trouver les bonnes réponses !

Et vous ? Quelle est votre approche du sujet ?
 
 
À lire sur le sujet:
• Un article de libération sur l'ouvrage "Face au brand territorial":
http://next.liberation.fr/design/2014/02/21/logotomise_978032

• Un article du Monde sur le city branding:
http://lesclesdedemain.lemonde.fr/villes/vous-avez-dit-city-branding-_a-13-1025.html

On vous invite évidement à acheter l'ouvrage "face au brand territorial" à cette adresse:
http://www.lars-mueller-publishers.com/en/please-don-t-brand-my-public-space


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3 commentaires :

  1. hervé :

    qu’y a t-il de choquant dans ce logo????

  2. Carine :

    Je ne crois pas que revenir aux armoiries de la ville soit réellement positif.
    L’armoirie est certes présente depuis des lustres dans la ville, et elle est couramment utilisée sur des drapeaux, maillots de sport, panneaux, etc.
    Mais je crois que quiconque imaginant un « logotype » doit aussi se pencher sur tous les autres aspects qui composent une société, une association ou une ville dans cet exemple précis. L’identification de quelque chose ne se fait pas uniquement sur un blason, il faut tenir compte de dizaines de paramètres historique, culturels…
    Dans ce cas, l’histoire de Trencavel est bien plus présente dans la tête des biterrois que ce vieux blason. La croisade contre les albigeois et lo gran masèl de Béziers perpétré le 12 juillet 1209, font pleinement partie du passé de la ville de Béziers… Tandis que le blason est là mais son identification est bien floue dans la tête des gens…

    Quand au fait de passer subitement de l’un à l’autre sans faire un lien entre les 2, c’est une absurdité totale. Comment comprendre en apposant les 2 logos côte à côte qu’ils représentent la même entité ?? Il faudrait générer une campagne de communication gigantesque pour faire passer le message, mais la ville de Béziers n’a pas les moyens de Twix, Salakis ou d’Activia…

    Bref, le choix n’est qu’un retour en arrière sans réelle réfléxion derrière. Je crois qu’on peut changer les choses, imaginer que le logo est trop ‘publicitaire’ et souhaiter un retour aux sources mais pour cela il faut réfléchir étape par étape, en se demandant si l’identification de ce que l’on veut changer sera toujours correctement interprétée par M. et Mme tout le monde. Or ici, on est dans un cas où Robert Ménard a imposé un choix politique sans réellement analyser les modifications qu’il va entrainer.
    Encore un choix idiot pour lequel il faudra 3 à 4 ans avant qu’il soit définitivement assimilé dans la tête des gens. En gros, c’est 4 ans de perdu en matière de communication et d’identification…

  3. Sujet intéressant, et pertinent. Le concept d' »identité nationale » n’est pas forcément nauséabond. Dans notre cas, il invite plutôt à se poser les bonnes questions et surtout à trouver les bonnes réponses graphiques.
    Les 2 cartes, côte à côte, sont assez fascinantes ! Les 2 régions du midi (Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon) ont su faire un pont cohérent entre leur lointain héritage et les nécessités d’aujourd’hui. D’autres régions semblent totalement à côté de la plaque, comme la Corse par exemple, qui possède un symbole si fort, et ne s’en sert pas. La Bretagne par contre a su être très habile. Mais pour le reste, quel immense gâchis…
    Quant à Bézier, why not ?! Mais la réflexion méritait d’aller beaucoup plus loin : une ville n’est pas seulement un héritage…

    Comme le disait je-sais-plus-trop-qui : le FN pose (parfois, faut pas déconner) les bonnes questions, mais a les mauvaises réponses. C’est drôle de le vérifier aussi en matière d’identité graphique !

    (Bravo pour votre passage chez Brand New ! Beau boulot !)

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