Nous vous présentions récemment le nouveau logo de la candidature de Paris pour les jeux Olympiques de 2024. Sont lancement fut largement salué et commenté sur tous les médias.
À peine quelques jours après ce lancement réussi, voici que l'ombre du plagiat apparait. Ce logo serait-il la copie du logo de "4 global" une agence de consulting sportif ?
Voici la comparaison que l'on a pu voir fleurir de partout sur le net.
Si au premier regard, c'est troublant, essayons de porter un regard objectif sur la question. C'est l'occasion de revenir sur certains aspects juridiques importants à maitriser. Notons déjà que cette comparaison repose sur une présentation trompeuse, puisque le logo de "4 global" a subi une rotation à 45° et que le mot global, qui apparaît en gris dans le logo d’origine, est passé au noir.
Commençons par quelques éléments de définition.
Plagiat: Substantif dérivé de plagiaire, du latin plagiarius ou plagiator (« voleur d'homme »). En effet, dans l'antiquité, un plagiarus était un voleur d'esclave ou quelqu'un qui vendait en esclave un homme libre. Par la suite, le mot a désigné les voleurs d'enfants. Dès le premier siècle après JC, le mot "plagiaire" est utilisé pour désigner le vol de vers, c'est un peu le début des droits d'auteurs...
Wikipédia nous apprend que "le plagiat est une faute d'ordre moral, civil ou commercial, qui peut être sanctionnée au pénal, elle consiste à copier un auteur ou accaparer l'œuvre d'un créateur dans le domaine des arts sans le citer ou le dire, ainsi qu'à fortement s'inspirer d'un modèle que l'on omet, délibérément ou par négligence, de désigner. Il est souvent assimilé à un vol immatériel."
Cependant le plagiat n'a pas de définition en droit français. Le terme légal exact est la contrefaçon, définie par L. 335-3 du Code de la propriété intellectuelle comme « toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tel qu’ils sont définis et réglementés par la loi » En clair, toute utilisation d'une œuvre sans autorisation de l'auteur ou ses ayants droit constitue une contrefaçon et peut être punie.
Dès lors la difficulté est de faire la différence entre une simple inspiration (légale) et une contrefaçon condamnable.
Revenons à nos moutons. Le logo de "Paris 2024" est-il une contrefaçon de celui de "4 Global" ?
Pour éclaircir le sujet, nous avons interrogé Jean Aittouares du cabinet spécialisé en propriété intellectuelle OX Avocats. D'après ce dernier le logo de Paris n'est probablement pas une contrefaçon, ni même, sans doute une inspiration. Voici son analyse.
« Les ressemblances font plutôt penser à ce que l’on appelle une rencontre fortuite. Chaque logo a sa propre logique. Or, il arrive parfois que deux logiques distinctes aboutissent à des résultats un peu semblables.
Ainsi, l’agence 4 Global a logiquement voulu mettre en avant le 4 qui est l’élément distinctif de leur marque. C’est pour une toute autre raison (celle de l’année d’organisation) que les créateurs du logo des JO ont mis en valeur le chiffre 24. Les points communs et les différences s’expliquent d’elles-mêmes. Le 4 est évidemment un élément commun. L’originalité du logo des JO résulte cependant, très précisément, du fait que le 2 et le 4 s’entrelacent au point de ne former qu’un seul signe. Cette originalité ne se retrouve pas du tout dans le logo 4 Global. La différence conceptuelle (un 24 et non un 4) explique aussi que l’orientation de la figure ne soit pas la même. Celui qui a incliné le logo 4 Global pour les besoins de la comparaison, a, sciemment, faussé la comparaison sur un point qui n’est pas un détail.
Toujours pour la même raison (représenter un 24 et non un 4), il a fallu, dans le logo des JO, courber le premier ruban pour former un deux, alors que la courbe, beaucoup plus légère, est un pur effet graphique dans le second logo.
L’aspect coloré, lui aussi, peut tromper. Dans les deux cas, les concepteurs ont eu recours à des couleurs franches. Elles sont pour autant très différentes. À bien y regarder, cependant, aucune, ou presque, n’est commune. Elles sont unies d’un côté, suivent des dégradés de l’autre. Elles sont séparées d’un vide blanc très net dans un cas, se mêlent et s’entrecoupent, dans l’autre.
On distingue très bien, également, que le logo des JO est composé de rubans courbés et que c’est la perspective ou l’effet 3D qui ont dicté la variation d’épaisseur du trait. Dans le logo 4 Global, la variation d’épaisseur, sensiblement différente, semble n’avoir que des visées esthétiques.
En résumé, les points communs sont assez peu nombreux et résultent soit de la marque elle-même (i.e. le 4 comme élément dominant), soit d’un vocabulaire semblable (les courbes, les couleurs franche).
C’est typiquement ce que l’on appelle, usuellement, une rencontre fortuite. »
Malheureusement, comme dans toutes ces affaires qui retombent rapidement comme un soufflé, le mal est déjà fait. Et même lavé de tout soupçon, le nouveau logo de la candidature restera terni par cette polémique.
C'est probablement le type de situation que l'on va voir proliférer à l'avenir. En effet, la tendance actuelle à simplifier les logos ne va faire que multiplier les occasions de ces "rencontres fortuites", laissant aux réseaux sociaux friands de piloris autant d'occasions d'écharper ces nouveaux logos.
L'affaire avait occupé vos écrans du mois de septembre. Nous-mêmes en avions fait le relais dans les pages de ce blog. À l'époque, le Comité international olympique (CIO) avait volontairement retiré le logo pour mettre court à la polémique.
Aujourd'hui, c'est le graphiste belge Olivier Debie, qui clôt le volet judiciaire du dossier. À la veille des plaidoiries devant le tribunal civil de Liège, il vient d'indiquer par le biais de son avocat "qu'il considère qu'il a suffisamment gagné vis-à-vis de l'opinion internationale. Il sait qu'il ne touchera pas d'indemnités substantielles puisque le CIO a volontairement retiré le logo et il ne veut pas continuer à payer".
Le retrait de la plainte met fin au litige qui opposait le graphiste belge aux CIO et à une saga qui avait marqué l'opinion. Olivier Debie avait déposé sa plainte en juillet dernier, accusant le designer japonais Kenjiro Sano d'avoir copié son logo du Théâtre de Liège.
De leur côté, les organisateurs qui avaient lancé un concours pour proposer un nouveau logo, ont reçu 14 599 propositions ! Après une sélection qui a dû être titanesque, il n'en reste que 4 propositions qui sont au stade de la vérification juridique. On espère avoir rapidement des nouvelles pour vous présenter le résultat de ce concours.
Allez, tous on s’est déjà rendu compte (et souvent bien trop tard) de la ressemblance d’un signe avec un autre, que l’on avait jamais vu avant. Dans un carnet de croquis si on a de la chance et pour une réalisation finale si on est sous une moins bonne étoile. Dans le domaine du logotype, où l’exercice de simplicité et de « trouvailles » logiques est prévalent, faut-il se farcir un catalogue des milliards de signes existants pour être sûr de ne pas reproduire l’idée d’un autre ? L’idée de la rencontre entre deux logos dans un même domaine est fâcheuse, mais n’y a t’il pas un droit à l’erreur, au hasard ? Faut-il fustiger catégoriquement le dessinateur ? L’exercice n’est pas simplement difficile, il est impossible, et un designer n’a pas forcément le temps de faire toute la veille nécessaire pour éviter ce type d’incidents, au passage bravo Graphéine pour votre travail de blog qui est un volet très intéressant de votre travail. Bref, je ne sais pas comment travaille l’agence Dragon Rouge mais je n’aimerais pas être à leur place, et je préfère me dire qu’une marge de ressemblance existe, car sinon personne n’est à l’abri.
ne se ressemblent pas car la pensée qui sous-tend leur conception est totalement différente. C’est un emblème né de mon imagination, une œuvre de ma création. »
Ou dans l’air du temps…
Voir le nouveau logo d’Appelsientje
http://logos.wikia.com/wiki/Appelsientje
Un peu réchauffé tout de même ce logo non ? Regardez le logo de candidature aux JO de PARIS 1992 :
http://rmcsport.bfmtv.com/diaporama/jo-les-logos-des-candidatures-francaises-3540/1992-jo-d-ete-de-paris-candidature-barcelone-vainqueur-5/
MOC vous débutez par le mot qui tue : l’idée !!!
Il est de jurisprudence constante que l’idée n’est point protégeable.
Donc ici point d’affaire de contrefaçon.
Que sont-ils venus faire dans cette galère. Problème de mauvais conseils, d’égo, de non compétence ??? Il serait intéressant d’en connaître.
Lucien David LANGMAN
Expert PI – Président Compagnie Nationale des Experts MCTH
Moi qui pensais qu’en terme de jurisprudence, il était primordial de collecter les éléments similaires, et non les dissemblances, pour constater de la présence ou non d’un plagiat.
Il ne sert donc à rien de pointer les différences, mais d’expliciter les similitudes.
Même s’ils sont différents sur bien des points, en tant que graphiste, mais aussi en tant que simple quidam, on a des éléments communs qui sautent aux yeux:
– Même idée d’entrecroisement pour former un chiffre
– Mêmes couleurs primaires (qu’elles soient exprimées différemment n’y change rien)
– Même forme pour la partie racornie à son extrémité
– Le bleu est utilisé dans les deux cas pour la même partie racornie
– Signature du nom dessous
– Qu’il soit noir ou gros n’y change rien: nom monochrome pareil
– Et, plus embêtant: même domaine (sportif)!
Sachant en plus que le logo pour les JO est un logo qui , si l’événement se réalise, sera omniprésent, avec une diffusion mondiale, et que la société 4Global elle, travaille également à l’international, et sur des événements sportif… il y a donc une interférence directe.
Il n’y a peut-être pas un réel « plagiat » mais soit un « emprunt/inspiration », soit une forte « similitude fortuite », mais dans tous les cas qui causerait préjudice à la société anglaise en place déjà depuis des années.
Dans le domaine de la musique par exemple, on se base aussi sur le ressenti de l’auditeur « lambda ». On peut toujours venir avec des précisions hyper techniques pour expliquer que telle ou telle note n’a pas la même amplitude, ou autre, si, dès les premières notes, l’auditeur a l’impression qu’une chanson lui en rappelle une autre, il y a un soucis.
Ici, c’est pareil.
Sans pour autant qualifier ça de plagiat, quand on passe par une agence de com qui a pignon sur rue, c’est pour éviter de faire du buzz dans ce sens. L’agence est donc sensée délivrer une création qui ne va pas interférer avec une créa existante dans le même milieu. C’est la base de la création d’identités visuelles.
Donc, en effet, même s’il est plus élégant, et mieux réalisé, ce logo des JO est trop proche de celui de cette société. Point barre.
D’ailleurs, à titre perso, je ne trouve pas ce bashing par réseaux sociaux si vain que ça.
Je pense qu’il était temps que les gens, l’opinion publique, reconnaisse que la création graphique est un vrai métier, et que l’originalité doit prévaloir dans ce travail.
Chose que beaucoup de grosses agences de com françaises, « boboisées » et pseudo « in », imbues de leur notoriété, ont eu tendance à oublier en empochant allègrement des mille et des cent (après, le débat du prix est ailleurs aussi, il faut reconnaitre le prix de droits de reproduction et diffusion pour ce genre de logo qui est sans doute colossal, mais malgré tout, la touche créative se doit d’être irréprochable, parce qu’il ne faut pas se leurrer, elle est vendue bonbon elle aussi).
Peut-être le début d’un retour vers de la création plus saine, pour faire avancer la com… et la preuve que le public ne veut plus qu’on lui donne à bouffer n’importe quoi. Même s’il faut remettre les choses en place, régulièrement, c’est plutot une bonne chose. Donc, « le Bien est fait » aussi, quelque part.
Mais ça n’engage que moi bien sûr… et en espérant qu’on ne retourne pas vers la pratique de goût douteux des mascottes enfantines pour les grands événements sportifs de cette ampleur. :P
mockery.fr