Chez ActuLogo on s'était amusé à deviner le nouveau nom du Front National 24h avant sa publication officielle. Non par intérêt quelconque pour leurs idées (ce serait même totalement l'inverse !) mais juste par intérêt pour la question des noms de marques. Et puis, ne dit-on pas "connais bien tes ennemis" ?
Regardons de plus près ce nom. On note tout d'abord que ce nom fait référence à un ancien parti français fasciste et collaborationniste : Le Rassemblement National Populaire ! Cela dit, d'un point de vu purement graphique, on peut admirer le logo de l'époque de ce parti (ci-dessous). Un signe non dénué de références graphiques au style nazi ! Comme quoi, le FN peut changer de nom, les références idéologiques restent identiques !
Phonétiquement, par rapport à "Front National" le nom prend de la longueur, ce qui d'un point de vu purement marketing n'est pas forcément un avantage. Ensuite, devra-t-on appeler les militants les "rassembleurs" comme on parle des "Marcheurs" ou des "Insoumis" ? On a du mal à l'envisager... probablement resteront-ils les "Lepenistes"...
Il se trouve qu'en se penchant sur le sujet on s'aperçoit rapidement que ça sent l'imbroglio juridique à plein nez. En effet, pas moins de 3 marques comportant "Rassemblement National" sont déposées à l'INPI.
On sait que Marine Le Pen entrevoit depuis longtemps de changer le nom du parti paternel. En 2012, sont compagnon dépose la marque "Alliance pour le rassemblement National" un nom prévu pour engager la campagne électorale d'alors. Ce sera finalement "Rassemblement Bleu-Marine".
À l'INPI, deux autres marques avec les termes "Rassemblement National" sont déposés, sauf que l'une est verbale (juste le mot) et l'autre semi-figurative (une image).
La première est déposée en 2016 par un certain Mr Chevrier, sans liens avec le FN. Tout au plus porte-t-il le même patronyme qu'un ex-dirigeant FN des Yvelines, exclu en 2016 pour sa proximité avec Le-Pen-Père.
La seconde est déposée en 2013 par un certain Frédérick Bigrat, à priori pour le compte d'un Igor Kurek, un proche de Charles Pasqua. Un dépôt largement contestable par le Front National, puisqu'ils ont utilisé de manière illégitime le logo de la flamme du FN dans leur logo (qu'ironiquement, le FN avait pompé sur les fascistes italiens). Pour autant, ils peuvent être condamnés à changer le logo, mais pas nécessairement le nom ! Compte tenu de la réaction épidermique dans la presse de ce Mr Kurek, on en déduit qu'aucun accord juridique n'a été conclu...
Dans cette seconde marque, notons que l'on a affaire à un spécialiste du name squatting, puisque ce dernier s'est également amusé à déposer la marque RPR lorsque ce dernier parti était devenu l'UMP en 2002. Belle moralité !
Reste donc aux dirigeants du Front National, la marque "Alliance pour le Rassemblement National" déposée en mai 2012. Cependant on sait qu'une marque inutilisée pendant 5 ans peut être déchue de sa protection.
Le chronomètre est lancé : tirez-vous dans les pattes !
PS: Nous rappellerons, à travers cet exemple, que la création d'un nom marque est un métier. Que la singularité phonétique, visuelle et conceptuelle doit absolument être de mise si l'on souhaite que sa marque soit bien protégée.
Par voie de presse, on apprend que Mr Bigrat aurait en réalité vendu la marque au FN fin février... ce que conteste Mr Kurek.
Depuis lundi, il règne donc un climat abracadabrantesque autour de cette affaire. Et voilà qu'on apprends au détour d'une interview dans le Midi Libre que ce serait Jean-Marie Le Pen qui aurait soufflé au dit Igor que la marque "Rassemblement National" n'était pas déposé...
Visiblement on est vraiment dans "Règlements de comptes à Ok C(ap)oral" !
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