Petite visite au musée de l’imprimerie de Bâle

25 avril 2015  |   7 Commentaires   |    |  

Le Musée Suisse du Papier, de l’Écriture et de l’Impression (Schweizerisches Museum für Papier, Schrift und Druck en allemand), est essentiellement consacré à l’histoire de la fabrication du papier, de l’imprimerie et de l’écriture en général.

Le musée est situé dans un bâtiment situé au bord du Rhin. Dès 1453 cet édifice était destiné à la production de papier.

Les salles historiques du musée donnent, grâce à des planches graphiques et des pièces de collection, un aperçu des anciennes techniques manuelles d'élaboration du papier, de l’imprimerie et de la reliure. En tant que visiteur, ont à la possibilité de fabriquer soit-mêmes du papier grâce à des baquets prévus à cet effet, d'imprimer soit-mêmes une feuille sur une reproduction d'une presse de l'époque de "Gutenberg", une écritoire permet de s'essayer à la calligraphie, et un bain d'apprêt de fabriquer soit même du papier marbré. Bref, un musée très ludique et dont les collections sont assez riches.

Le plus amusant c'est la partie "Atelier de l'imprimeur", une véritable petite imprimerie en état de marche. De l'atelier du graveur de poinçons, un vrai fondeur de caractères, un atelier de composition, et d'impression. Ça sent bon l'encre et on peut se permettre de farfouiller dans les casses de caractères...

Voici un petit aperçu de la visite en vidéo et en photos.

filigrane-balois-marque-imprimeur

La visite commence avec des marques de fabricant de papiers. Ce sont de minces fils de métal  torsadés et soudés sur le tamis. Un filigrane « au trait » est ainsi obtenu. Ces fils font des « clairs » dans la feuille, que l'on retrouve par transparence dans le papier, comme dans l'exemple ci-dessous.

filigrane-papier-ancien-marque-imprimeur

scenographie-musee-papier-imprimerie-bale-suisse

Mis à part un coin dédié à des jeux sur la typographie, la scénographie est classique, et laisse la part belle à l'ambiance d'origine du lieu. L'étage sur l'imprimerie reconstitue un véritable atelier d'imprimerie, qui sent bon l'encre et le papier. On peut s'amuser au détour de la visite à fouiller dans les tiroirs à la recherche de caractères en plombs d'Helvetica, de Times, et cie.

linotype-atelier-imprimeur

casses-imprimeur-times-univers

casse-helvetica

casse-plomb-caractere-helvetica

caracteres-plombs-helvetica

matrice-caracteres-plombs

On peut scruter à la loupe quelques matrices de caractères. Une matrice étant la partie du moule servant à fondre les caractères. Elles portent donc l’empreinte en creux du caractère. Ci-dessous la même chose avec les caractères en plombs une fois "fondus" dans la matrice !

composition-texte-caracteres-plombs

encre-imprimeur-1970

Enfin, au dernier étages, on peut fabriquer son propre papier marbré. Pour ma part j'ai eu l'impression de retourner en enfance...

atelier-papier-marbre

Le protocole Helvetica

Le petit trésor inattendu c'est la découverte du protocole de l'Helvetica.

Au cas, où vous n'ayez pas habité sur terre entre 1960 et aujourd'hui, l'helvetica est l'une des polices de caractères les plus utilisées au monde. En 1956, Eduard Hoffmann (1892-1980), directeur de la Fonderie de caractères Haas à Münchenstein, chargera le graphiste zurichois Max A. Miedinger (1910-1980) de créer une nouvelle police de caractères grotesque sans sérif.

max-miedinger-hoffman-helvetica

Ci-dessus: Max Miedinger ( à gauche ) et Eduard Hoffmann-Feer (à droite)

En effet à cette époque-là, la fonderie Haas voit la vente de ses caractères sans empattement ("Grotesk" en allemand) baisser. Ses caractères étaient probablement moins modernes que ceux de ses concurrents comme l'Akzidenz-Grotesk de la Fonderie Berthold, largement utilisée dans le graphisme suisse ( cf: le style international )

protocole-helevtica-Max-Miedinger-haas

Les travaux sur le Neue Haas Grotesk ont commencé au début de l'automne 1956. Eduard Hoffmann-Feer, directeur de la Fonderie, a soigneusement consigné dans un carnet de notes les différentes étapes de la création de l'Helvetica. Il y illustre pas à pas, épreuves d'imprimerie à l'appui, le moindre changement apporté à chacune des lettres et toute la gamme des combinaisons possibles de caractères. Ce document unique en son genre fournit un aperçu détaillé de la mise au point de l'Helvetica.

protokollheft-hoffmann2

notebook-1957-May-07

C'est sous l'appellation "Neue Hass-Grotesk", que le résultat fut présenté pour la première fois au Salon international "Graphic 57" à Lausanne, où il rencontra un franc succès. La police correspondait parfaitement à la "typographie suisse", qui reçoit à l'époque une grande résonance sur le plan international. Pour des raisons de marketing, l'appellation fut changée en "Helvetica".

Haas-grotesk-helevtica-1957

Le crédit de la réussite de ce caractère fut largement attribué à Miedinger. Évidemment c'est lui qui tenait le crayon ! Mais il ne faut pas sous-estimer la participation de Hoffmann. En effet, de par sa connaissance du marché et de ses clients, il fut indispensable à cette brillante réussite.

Le succès mondial de l'Helvetica est resté inchangé à ce jour. Elle est de loin la police la mieux commercialisée et est disponible aujourd'hui en 110 versions différentes. Évidemment, on là retrouve sur des milliers de logos à travers le monde... en voici quelques exemples parmi les plus connus.

sampling-of-helvetica-logos

La fin de l'histoire

En 1971, Eduard Hoffmann a créé une fondation dans le but de créer un musée dédié à l'industrie de l'imprimerie. En 1980, le musée ouvre dans une ancienne usine de papier sur le Rhin. Le protocole Helvetica est l'un des principaux attraits de ce musée. Eduard Hoffmann est mort à Bâle, le 17 septembre 1980.

Entre 1972 et 1978, Haas rachète les fonderies françaises les plus connues,  Deberny & Peignot, puis la Fonderie Olive ( de Roger Excoffon ). À l'époque la fonderie Haas est contrôlée majoritairement par la fonderie Berthold AG, et au rachat de cette dernière en 1985 par Lynotype, Haas passe aux mains des Allemands. La fonderie Haas fermera ses portes en 1989.

La petite histoire du nom "Linotype"

L'inventeur allemand Ottmar Mergenthaler mit au point une machine à composer, munie d'un magasin de matrices en laiton, qui permettaient de fondre des lignes d'un seul tenant. La première machine fut construite en 1886 et présentée a l'éditeur de la «New York Tribune», qui s'exclama avec enthousiasme lors de la mise en service: «Oh, a line of types! ». D'où le nom de Linotype.

La machine à composer et à fondre Linotype fut surtout utilisée dans l'édition de journaux. Elle augmentait de six fois la productivité horaire d'un typographe. Pour composer, l'opérateur appuie sur une touche du clavier et fait tomber une matrice du magasin dans un canal, puis l'expédie dans le composteur. La ligne composée est ensuite automatiquement envoyée et formée dans le dispositif de fonte. Pendant la fonte, l'opérateur peut déjà composer la prochaine ligne. Grâce à un système raffiné, la redistribution des matrices dans le magasin se fait automatiquement après la fonte.


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7 commentaires :

  1. imprimeur lausanne :

    Un lieu à visiter. J’y suis jamais allée, mais un jour peut être quand j’aurais du temps. Merci pour ce partage et surtout pour les images, ça fait plaisir à voir. (http://www.graphus.net/)

  2. Stampaprint :

    Savoir comme est advenue la création de l’Helvetica c’est très intéressant! Il y a que presenter plus des caractères ainsi les personnes n’employeront plus les memes abominable abomination! ;)
    Meci!!
    Bonne journée,
    Marc

  3. Oups, le cache de notre site n’avait pas mis à jour les corrections orthographiques… C’est chose faite… normalement, ça devrait aller mieux :-)

  4. Loïc :

    Article super intéressant et qui donne envie de prévoir une visite au musée !

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