
La visite commence avec des marques de fabricant de papiers. Ce sont de minces fils de métal torsadés et soudés sur le tamis. Un filigrane « au trait » est ainsi obtenu. Ces fils font des « clairs » dans la feuille, que l'on retrouve par transparence dans le papier, comme dans l'exemple ci-dessous.


Mis à part un coin dédié à des jeux sur la typographie, la scénographie est classique, et laisse la part belle à l'ambiance d'origine du lieu. L'étage sur l'imprimerie reconstitue un véritable atelier d'imprimerie, qui sent bon l'encre et le papier. On peut s'amuser au détour de la visite à fouiller dans les tiroirs à la recherche de caractères en plombs d'Helvetica, de Times, et cie.






On peut scruter à la loupe quelques matrices de caractères. Une matrice étant la partie du moule servant à fondre les caractères. Elles portent donc l’empreinte en creux du caractère. Ci-dessous la même chose avec les caractères en plombs une fois "fondus" dans la matrice !


Enfin, au dernier étages, on peut fabriquer son propre papier marbré. Pour ma part j'ai eu l'impression de retourner en enfance...

Le protocole Helvetica
Le petit trésor inattendu c'est la découverte du protocole de l'Helvetica.
Au cas, où vous n'ayez pas habité sur terre entre 1960 et aujourd'hui, l'helvetica est l'une des polices de caractères les plus utilisées au monde. En 1956, Eduard Hoffmann (1892-1980), directeur de la Fonderie de caractères Haas à Münchenstein, chargera le graphiste zurichois Max A. Miedinger (1910-1980) de créer une nouvelle police de caractères grotesque sans sérif.

Ci-dessus: Max Miedinger ( à gauche ) et Eduard Hoffmann-Feer (à droite)
En effet à cette époque-là, la fonderie Haas voit la vente de ses caractères sans empattement ("Grotesk" en allemand) baisser. Ses caractères étaient probablement moins modernes que ceux de ses concurrents comme l'Akzidenz-Grotesk de la Fonderie Berthold, largement utilisée dans le graphisme suisse ( cf: le style international )

Les travaux sur le Neue Haas Grotesk ont commencé au début de l'automne 1956. Eduard Hoffmann-Feer, directeur de la Fonderie, a soigneusement consigné dans un carnet de notes les différentes étapes de la création de l'Helvetica. Il y illustre pas à pas, épreuves d'imprimerie à l'appui, le moindre changement apporté à chacune des lettres et toute la gamme des combinaisons possibles de caractères. Ce document unique en son genre fournit un aperçu détaillé de la mise au point de l'Helvetica.


C'est sous l'appellation "Neue Hass-Grotesk", que le résultat fut présenté pour la première fois au Salon international "Graphic 57" à Lausanne, où il rencontra un franc succès. La police correspondait parfaitement à la "typographie suisse", qui reçoit à l'époque une grande résonance sur le plan international. Pour des raisons de marketing, l'appellation fut changée en "Helvetica".

Le crédit de la réussite de ce caractère fut largement attribué à Miedinger. Évidemment c'est lui qui tenait le crayon ! Mais il ne faut pas sous-estimer la participation de Hoffmann. En effet, de par sa connaissance du marché et de ses clients, il fut indispensable à cette brillante réussite.
Le succès mondial de l'Helvetica est resté inchangé à ce jour. Elle est de loin la police la mieux commercialisée et est disponible aujourd'hui en 110 versions différentes. Évidemment, on là retrouve sur des milliers de logos à travers le monde... en voici quelques exemples parmi les plus connus.

La fin de l'histoire
En 1971, Eduard Hoffmann a créé une fondation dans le but de créer un musée dédié à l'industrie de l'imprimerie. En 1980, le musée ouvre dans une ancienne usine de papier sur le Rhin. Le protocole Helvetica est l'un des principaux attraits de ce musée. Eduard Hoffmann est mort à Bâle, le 17 septembre 1980.
Entre 1972 et 1978, Haas rachète les fonderies françaises les plus connues, Deberny & Peignot, puis la Fonderie Olive ( de Roger Excoffon ). À l'époque la fonderie Haas est contrôlée majoritairement par la fonderie Berthold AG, et au rachat de cette dernière en 1985 par Lynotype, Haas passe aux mains des Allemands. La fonderie Haas fermera ses portes en 1989.
La petite histoire du nom "Linotype"
L'inventeur allemand Ottmar Mergenthaler mit au point une machine à composer, munie d'un magasin de matrices en laiton, qui permettaient de fondre des lignes d'un seul tenant. La première machine fut construite en 1886 et présentée a l'éditeur de la «New York Tribune», qui s'exclama avec enthousiasme lors de la mise en service: «Oh, a line of types! ». D'où le nom de Linotype.
La machine à composer et à fondre Linotype fut surtout utilisée dans l'édition de journaux. Elle augmentait de six fois la productivité horaire d'un typographe. Pour composer, l'opérateur appuie sur une touche du clavier et fait tomber une matrice du magasin dans un canal, puis l'expédie dans le composteur. La ligne composée est ensuite automatiquement envoyée et formée dans le dispositif de fonte. Pendant la fonte, l'opérateur peut déjà composer la prochaine ligne. Grâce à un système raffiné, la redistribution des matrices dans le magasin se fait automatiquement après la fonte.
Un lieu à visiter. J’y suis jamais allée, mais un jour peut être quand j’aurais du temps. Merci pour ce partage et surtout pour les images, ça fait plaisir à voir. (http://www.graphus.net/)
Savoir comme est advenue la création de l’Helvetica c’est très intéressant! Il y a que presenter plus des caractères ainsi les personnes n’employeront plus les memes abominable abomination! ;)
Meci!!
Bonne journée,
Marc
Oups, le cache de notre site n’avait pas mis à jour les corrections orthographiques… C’est chose faite… normalement, ça devrait aller mieux :-)
Article super intéressant et qui donne envie de prévoir une visite au musée !