Deezer aime la musique et nous le fait bien savoir. AprÚs avoir lifté son logo en 2019, la plateforme de streaming musical française fait table rase et s'offre un nouveau logo gonflé, avec une nouvelle identité graphique tout sauf discrÚte, signée par l'agence Koto.
Concurrente de Spotify, qui compte plus de 226 millions d'abonnĂ©s, Deezer ne semble pas faire le poids avec ses 10 millions d'abonnĂ©s. Et pourtant, l'entreprise semble plutĂŽt pĂ©renne (elle vient d'ĂȘtre cotĂ©e en bourse) et ne cesse de faire croĂźtre son chiffre d'affaires en multipliant ses partenariats avec des marques, tout en proposant un meilleur systĂšme de rĂ©munĂ©ration des artistes. Forte de ce nouvel Ă©lan, on imagine, Deezer se repositionne en changeant complĂštement d'identitĂ©. Qu'on aime ou qu'on dĂ©teste, la question n'est pas lĂ , on passera sur le jugement esthĂ©tique pour cette fois. On essaye ici surtout de dĂ©crypter comment Deezer change de stratĂ©gie et de cible.
Le logo de Deezer, avant / aprĂšs
Loin de faire pùle figure, comme un Bing à cÎté d'un Google, Deezer ne se laisse pas marcher sur les pieds et veut s'afficher haut et fort avec une nouvelle identité trÚs "bold" comme on dit chez les Américains : à la fois grasse (on parle des caractÚres typographiques) et osée. Grasse, dans le sens de tout sauf fine et discrÚte : on a ici des caractÚres typographiques bien visibles, en capitales, qui rappellent les manifestes, les onomatopées, les voix qui portent. Impossible de passer à cÎté. En 2019, Deezer avait pourtant abandonné ses lettres capitales pour adopter des minuscules en bùton trÚs propres, minimalistes... trÚs Spotify à vrai dire ! Il faut croire que la stratégie a changé, et que l'idée est plutÎt de se démarquer aujourd'hui, plutÎt que de faire comme les autres.
CĂŽtĂ© formes, le nouveau logo Deezer s'articule autour d'un cĆur vibrant qui, comme l'explique le studio Koto Ă l'origine de cette crĂ©ation, symbolise "Ă la fois la musique et sa rĂ©ponse humaine", Ă savoir les rythmes musicaux et les battements de cĆur. Deezer veut faire vibrer donc, par la musique. Ce cĆur tout sauf lisse est surtout un prĂ©texte graphique qui vient dĂ©border sur les supports, en crĂ©ant des contrastes vibrants (eux aussi) entre le noir et la couleur, mimant les ondes musicales variant selon les styles.
L'identitĂ© est Ă©videmment dĂ©clinĂ©e en mouvement, Ă partir de cette forme ovale Ă©tirĂ©e qui vient se multiplier pour crĂ©er diffĂ©rents motifs. On la retrouve dans le cĆur, les ondes, mais aussi les outils de lâinterface comme les boutons play ou pause. On retrouve les courbes jusque dans les caractĂšres, avec une diagonale rebondie dans le Z et une jambe arrondie pour le R, qui apporte une touche de moelleux au tout. Ce cĆur qui vibre est tout sauf mort.
Ce qui frappe ici, c'est la force de cette mollesse. Tout est mou dans ce logo, ovale ou arrondi, et pourtant les signes sont percutants et forts. On imagine une volontĂ© de crĂ©er quelque chose de trĂšs palpable et d'humain pour cette nouvelle identitĂ© de Deezer. D'abord avec les battements de cĆur, bien sĂ»r, qui viennent ajouter de la vie Ă cet univers 100% digital et impalpable. LĂ oĂč on avait avant l'habitude de toucher un objet concret, comme un vinyle ou un CD, de le dĂ©poser dans une machine pour prendre le temps de l'Ă©couter, on appuie maintenant sur une image ou un texte pour lancer une chanson, parfois complĂštement isolĂ©e de l'album. Comme on l'expliquait dans notre article sur l'histoire des pochettes de musique : "si l'on possĂ©dait la musique avec l'objet vinyle, le CD, la cassette ou mĂȘme via iTunes qui proposait l'achat Ă l'unitĂ© ou l'ajout de musique sous format numĂ©rique, le streaming nous rend locataire, et nous dĂ©possĂšde d'un objet." Ici, les formes gonflĂ©es, molles, arrondies rendent la musique plus humaine, plus proche, plus palpable. Et rassurante aussi !
Un peu comme une brioche, le rond n'agresse pas, contrairement aux formes aigĂŒes ; il rebondit, appuie, se presse ! Il prĂȘte Ă l'Ă©change, aux pogos ? On parlait de la tendance de ce retour aux rondeurs dans notre article sur la tendance Y2K, avec par exemple le nouveau logo Patreon : "graphiquement, on a dĂ©sormais envie de se libĂ©rer des carcans et de se tourner vers le fait main, le "too much", la rondeur... On passe progressivement d'une Ăšre de rigueur Ă une Ăšre de dĂ©bordements, des lignes droites aux arabesques, du statique du papier au morphisme de la 3D numĂ©rique, de la bichromie Ă l'irisĂ© holographique..." En mouvement, l'identitĂ© dĂ©borde et vient inonder rythmiquement les Ă©crans.
Quand au cĆur Deezer, il est aussi est l'Ă©tendard d'un langage graphique, Ă©motionnel et jeune, un Ă©moji, qui parle Ă tout le monde Ă travers les diffĂ©rentes langues et cultures. En plus du cĂŽtĂ© Ă©motion, c'est aussi la couleur qui nous titille les pupilles. On peut ne pas ĂȘtre fan du violet, mais il ne laisse pas indiffĂ©rent. MĂ©lange du bleu et du rose-rouge, c'est la couleur de l'inclusivitĂ©, du non genrĂ©. C'est aussi une couleur mystique, associĂ©e Ă la magie. Pas sĂ»re que Deezer ait l'intention de se lancer dans l'Ă©sotĂ©risme, mais il ensorcelle bel et bien le regard. Le violet est une couleur lumineuse en mi-teinte qui prĂȘte au dĂ©gradĂ©, au dĂ©collage dans d'autres dimensions. Elle serait aussi la couleur de la Pop, d'aprĂšs le mĂ©dia Nylon. Entre deux, chaude et rassurante, la couleur violette rappelle aussi les teintes futuristes et dĂ©gradĂ©es qui plaisent tant Ă la gĂ©nĂ©ration de l'an 2000. Sans pour autant tomber dans le dĂ©gradĂ© qui est si tendance, Deezer assume des teintes franches et lumineuses. On peut parier que Deezer vise Ă sĂ©duire les 15-25 ans. D'autant plus que le violet rappelle aussi la couleur du logo Twitch, que cette gĂ©nĂ©ration connaĂźt bien...
En adoptant une nouvelle identité percutante et un nouveau logo gonflé et vibrant, Deezer signe son passage dans la nouvelle Úre maximaliste. C'est là que la marque se démarque visuellement de ses concurrents, en abandonnant les anciens codes des décennies start-up américaines et en adoptant une identité résolument jeune, décalée, et tournée vers la génération Y2K. Longue vie à elle.
On dirait qu’ils ont trouvĂ© de l’inspiration du logo de HearUSA đ
Je trouve que le fushia ne correspond pas au monde de la musique….
Bref, le coeur vibrant est une bonne idée !
« Qu’on aime ou qu’on dĂ©teste, la question n’est pas lĂ , on passera sur le jugement esthĂ©tique pour cette fois. »
Pourtant en finissant l’article, j’ai cru Ă un publireportage !
Ăa fait plaisir de voir un peu de vie et d’audace dans le monde aseptisĂ© des logotypes.
Beurk
Je deteste ce nouveau logo.Forme de bisounours et couleur de mauvais genre.
Il est tout pété leur logo, il est claqué au sol.Serieux, il est vraiment moche.
Ce logo pique les yeux, ce violet est est moche, ça me donne envie de supprimer l’appli
Merci pour cet article. Le nouveau logo est d’une laideur absolue. Cette grosse tache inesthĂ©tique doublĂ©e d’une couleur violette agressive… c’est vraiment difficile a regarder. L’ancien Ă©tait pourtant agrĂ©able, doux, subtile et son cĂŽtĂ© colorĂ© le rendait identifiable au premier coup d’oeil – il y’avait certainement moyen de le moderniser sans vouloir rĂ©volutionner l’ensemble.
IdentitĂ© sympathique, par contre Koto est tristement connu pour des histoire de plagiat, notamment Glassdoor qui est plus que impirĂ© par un projet de l »illustrateur anglais Jay Cover…