Temps et création #02 : quel est l’impact du temps sur notre cerveau créatif ?

31 mars 2021  |   2 Commentaires   |    |  

Deuxième volet de notre série "Temps et création". L'idée est d'aborder sous différents angles le rapport entre le temps et la création, qu'il s'agisse du temps que l'on passe à créer, de la gestion de ce temps, des mécanismes psychologiques, historiques, etc... Voici l'ordre des articles :

01 – Être charrette, une tradition pressante
Approche historique et sociétale : l'origine de l'expression et nos rapports à la pratique de la charrette dans nos sociétés

02 – L'impact du temps sur le cerveau créatif
Approche scientifique : comment notre cerveau perçoit le temps, les mécanismes qui se déclenchent lorsque l'on travaille sous pression, et les divers stimulants pour booster ses performances

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03 – À la recherche du temps créatif
Approche humaine : qu'est-ce que la créativité et de quoi dépend-elle pour germer

04 – Optimiser son temps créatif et booster sa créativité
Approche méthodologique : quelques techniques pratiques pour augmenter sa créativité et atteindre le flow, un état de conscience optimal


Chez Graphéine on s'intéresse un peu à tout, du moment qu'il y a un lien avec la création visuelle. Cette fois, on a voulu savoir ce qui se passe là haut dans notre cerveau lorsque l'on est charrette et que l'on travaille sous pression, à la dernière minute (vu que cela semble courant dans notre profession et le milieu créatif en général : coucou les amis).

Pourquoi le temps semble parfois ralentir ou filer lorsque l'on crée ? La pression nous rend-elle vraiment plus efficace ? Et enfin, n'y a-t-il que les stimulants et les drogues pour favoriser la créativité ? Du coup on a lu des tas d'articles scientifiques, des livres très philosophiques, ou écouté des conférences soporifiques et voici ce que l'on vous a concocté pour répondre à la question de la contrainte du temps sur l'efficacité créative.

Qu'est-ce que le temps ?

Faire un travail créatif en étant charrette, c'est créer sous pression et dans un temps limité. Cela soulève des questions existentielles du genre : le temps existe-t-il vraiment ? Vaste sujet qui nous replonge dans notre programme de Philo de première. Essayons d'en faire un petit tour, d'un point de vue philosophique et scientifique.

Le temps est élastique et multiple. Il y a en effet plusieurs temps : celui de l'horloge interne (les durées estimées), de l'horloge biologique (le cycle nuit-jour, que l'on partage avec les animaux), le temps pastoral (le cycle des saisons), celui du calendrier (cyclique, social), des montres (organisation collective), de son temps de vie par rapport à un passé, et vers la mort (perspective autobiographique, dissipation), de l'Histoire (plusieurs chronologies possibles), le temps physique (un facteur), le temps mathématique (mesurable et continu) et le temps psychologique (qui varie en fonction des émotions). On pourrait dire finalement avec justesse que le temps du créatif et celui du client n'est pas le même, et que le temps des créatifs dépend lui aussi de beaucoup de facteurs.

processus-creatif

Le temps perçu et le temps vécu, deux temps bien différents

Chez l'être humain, la perception du temps, bien qu'il soit perçu, ne dépend pas d’un sens. C'est un ressenti individuel et subjectif, qui dépend de nos croyances, de nos émotions, de qui nous sommes... mais pas seulement. Notre perception du temps, ou le degré d’organisation de notre temps, est également un facteur culturel qui n'est pas universel (contrairement à ce que pouvaient croire certains philosophes). Certains peuples n’ont en effet pas besoin de montre ni de fêter les anniversaires, comme les touaregs ou les papous, et leurs membres n'ont d'ailleurs même pas de date de naissance.

Dans les cas où il est respecté, le temps est avant tout un symbole social, une institution, pour "réguler le comportement du groupe, (...) un moyen d'orientation indispensable pour accomplir une foule de tâches diverses". Les horloges par exemple sont des symboles dont on apprend à décrypter les messages, mais elles ne sont pas le temps en soi. (Dans un scénario de science-fiction, on pourrait d'ailleurs imaginer une société anarchiste qui décide de s'affranchir des codes du temps pour se libérer de ce qu'elle considèrerait comme un diktat social, une contrainte que jusqu'ici personne ne semble remettre en cause.) Mais revenons à nos horloges.

D'après le philosophe Bergson, il existe deux types de temporalité.

- La temporalité subjective : elle est vécue à travers les changements d’état (durées, rythmes), c'est une durée perçue. Cette temporalité est inhomogène, et qualificative. Cette durée est propre à chacun, et ne peut être mesurée. Par exemple; le temps perçu et vécu quand on cherche une idée créative, qui peut paraître interminable ou extrêmement rapide quand on est charrette.

- La temporalité relative : la temporalité du monde qui nous entoure, en tant que norme sociale, scientifique, abstraite et homogène. Cette temporalité est linéaire, régulière. Elle est extérieure à l'humain, et peut être mesurée. Par exemple ; le temps effectif passé (en heures, en jours) pendant que l'on recherchait cette idée.

En se penchant un peu plus sur le temps subjectif, interne, on s'intéresse au fonctionnement de notre cerveau. Il est conçu pour percevoir les durées, les rythmes, la simultanéité, mais il sait aussi les estimer et les anticiper. Comment la notion du temps naît-elle alors dans notre esprit ?

Notre horloge interne donne le tempo

Notre cerveau produit des impulsions électriques qui font des allers-retours entre plusieurs zones (le thalamus et le cortex, pour être précise, et surtout dans l’hémisphère gauche). Ces zones corrèlent accumulateurs et impulsions et imposent un rythme au cerveau grâce au flux des neurotransmetteurs (plus exactement la dopamine) qui traversent les neurones. Ces mouvements créent le tic-tac de notre horloge interne.

En temps normal, le rythme de notre activité cérébrale est stable. Notre horloge interne perçoit des durées brèves (moins d’une seconde) pour permettre l'anticipation, la prise de décision, et faire du lien entre un instant t et t+1. Mais notre perception subjective du temps change suivant l’accélération ou le ralentissement du rythme de cette horloge interne, c'est à dire de la variation des flux de neurotransmetteurs. Le rythme peut varier en fonction de stimuli extérieurs comme des émotions fortes (en cas de stress lors d'une charrette par exemple), la vue d'un mouvement particulier ou même d'un aliment, une réaction empathique, ou dans le cas de prise de drogues, stimulants et psychotropes. La durée subjective du temps est ainsi modifiée et on a l'impression que le temps passe plus ou moins vite.

Pour faire un parallèle, imaginez un grand réseau routier reliant les villes (les neurones). Chaque synapse y serait un péage, reliant une ville à l’autre, et les neurotransmetteurs les voitures allant d’une ville à l’autre en transportant des passagers, l’influx nerveux. C’est comme cela que fonctionne notre horloge interne, suivant le rythme de passage plus ou moins important des « voitures », les neurotransmetteurs, dans les péages. Il suffit de travaux ou d’un départ en vacances, et le flux des voitures s’emballe, le trafic est plus ou moins intense. Il faut aussi imaginer qu’ici les voitures sont plutôt en « go fast » et passent le péage à toute vitesse (sans payer)…

Le stress ponctuel donne un coup de fouet au cerveau

Oui mais : et quand on est charrette ? Tout dépend d'abord du caractère de la personne créative et on verra ce point dans un prochain article. Face à une charrette, la personne peut être très stressée par l'échéance, ou au contraire boostée par le challenge et se projeter dans le résultat à atteindre. Cela peut aussi être l'occasion pour elle d'être très concentrée sur la tâche à accomplir et très efficace. Penchons-nous d'abord sur le premier cas de figure.

Suivant notre caractère, notre organisme peut se mettre en état d’alerte lors d'un stress intense : les flux électriques des signaux transmis par les neurotransmetteurs augmentent, les impulsions et les échanges s'intensifient, le rythme s’accélère : notre organisme distord notre perception du temps et on a l’impression que le temps est plus long. Notre système nerveux sympathique se met en action et accélère notre métabolisme. Ce réflexe d’auto-défense primitif nous permet d’agir en un rien de temps : tout notre corps est stimulé, nos muscles sont prêts à bondir, nos sens sont plus éveillés, notre cœur bat plus vite. Le corps agit sans demander la "validation" du cortex et notre instinct de survie -un héritage préhistorique du temps où on risquait de se faire bouffer par un fauve- prend le contrôle.

Résultat, sous cette montée d'adrénaline on est plus vif et efficace, car on peut réagir ou faire plus de choses dans le même temps effectif imparti. C'est ce qu'on appelle le fameux réflexe du "fight or flight" inventé et étudié par Walter Cannon en 1915 qui permet aux animaux (et donc aussi aux hommes) de se battre, de s’enfuir, ou d'être tétanisés en cas de danger... Il peut d'ailleurs aussi arriver que l'on soit complètement paralysé à cause du manque de temps !

En revanche, un stress intense comme celui infligé par une charrette ne doit pas être permanent ni répété toutes les nuits, sans quoi il fait l'effet inverse. Le stress chronique remplace peu à peu cette adrénaline par du cortisol, ce qui perturbe notre système nerveux et notre mémoire et épuise notre système immunitaire, en maintenant notre corps dans cet état d'alerte et de peur permanent. Il n'arrive plus à suivre les sollicitations de son environnement, ce qui peut engendrer des maladies diverses et une dépression ou un burn-out sur le long-terme... On verra des solutions dans un autre article.

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D'autres personnes à l'inverse seront boostés par le stress de la charrette, qui alimente des motivations internes comme le plaisir de trouver une idée nouvelle ou de rendre un projet, ou des motivations externes comme le salaire et la reconnaissance du client ou de ses pairs. Dans ces cas, c'est la projection dans un futur proche, la fin de la charrette et ses conséquences positives, qui motive le travail. Le stress devient un bon stress : soutenu par une forte motivation, il permet de faire jaillir la créativité.

Troisième cas de possibilité : entrer dans le flow, un état de conscience optimal dans lequel on est au maximum de nos capacités. On en reparle juste en-dessous, et plus en détail dans le 4e article de cette série car vous verrez, ça donne envie !

La dopamine, messagère du temps et vecteur du désir

Mais si tout cela se met en action dans notre cerveau, c'est en grande partie grâce aux neurotransmetteurs, comme la dopamine. La dopamine, on l'a vu en début d'article, est le principal messager chimique lié à notre perception du temps puisqu'elle joue un rôle dans notre horloge interne. Mais pas seulement ! Elle est responsable de l’anticipation et de la motivation, ce qui permet au corps l’activation d’un comportement (même risqué) en vue de satisfaire un désir. On appelle la dopamine "l’hormone du désir" (et à tort "l’hormone du plaisir") car elle permet de nous mettre en action ; elle nous motive, dans le vrai sens du terme. Plus le stimulus d’origine est jugé agréable (manger, faire l’amour, prendre des drogues, de l’alcool, du chocolat, recevoir des notifications sur son smartphone… ou atteindre ses objectifs et rendre un travail à l'heure après une charrette), plus le cerveau sécrète de la dopamine, et plus il associe cette action ou cet objet à quelque chose d’encore plus agréable.

Dès lors, c'est un cercle infini, la dopamine est libérée à la simple vue ou pensée de cet objet, cette substance, ou cette personne, que le désir soit assouvi ou non. Cela provoque une sensation d’attente, d’anticipation de ce plaisir, et d’excitation neuronale. Et qui dit excitation neuronale dit cerveau stimulé, et demande de passage à l'action ! C’est parce que la dopamine engendre ce besoin de recherche de récompense et de satisfaction que les connexions neuronales sont renforcées et que le cerveau fait le lien entre un instant t, sans intérêt, et un instant t+1, agréable. On pourrait alors l'appeler "l'hormone de l'anticipation". C'est pour cela qu'il est difficile de se débarrasser de "sources de dopamine" comme les notifications de réseaux sociaux par exemple. À l'inverse, on cherchera à la stimuler pour être plus efficace et concentré, et avoir du plaisir à effectuer une tâche particulière (en créant, par exemple).

Mais si l’on observe un peu plus le fonctionnement du cerveau, on réalise que la dopamine est aussi bien libérée lors de moments agréables, que lors de sensations désagréables, comme en cas de stress ou de peur. Ce n'est donc pas la nature de la sensation qui détermine la production de dopamine, mais plutôt la capacité du cerveau à se projeter. La dopamine provoque le désir, qui provoque l'addiction, qui engendre la passion, qui permet d'entretenir une concentration hors du temps sur un sujet donné, permet d'être ainsi efficace et provoque à nouveau de la dopamine... et ainsi de suite !

La cocaïne et autres stimulants

La dopamine permet également de réduire les distractions pour mieux nous concentrer sur un objectif, et c’est pour cela que l’on se sent plus efficace, que l’on travaille sous stress ou par plaisir.

On comprend dès lors qu’on ait envie de retrouver cette sensation de concentration intense, de motivation et de déformation du temps pour être plus performant au travail ! Et c’est souvent ce que l’on fait sans même le savoir : la caféine ou la nicotine par exemple dopent l'apport de dopamine dans le cerveau en libérant artificiellement cette hormone (parmi d'autres). Les amphétamines (MDMA / ecstasy) ou la cocaïne par exemple multiplient jusqu’à 400x la production de dopamine. L’Alderall, un médicament dérivé de l’amphétamine très utilisé chez les étudiants aux USA, produit lui aussi le même effet sur le cerveau, en boostant les processus de l'attention, de la mémorisation, ou la motivation par la production de neurotransmetteurs spécifiques.

Car rien n'est réellement aussi "simple", et c'est là l'intérêt d'étudier le cerveau, qui ne libère en réalité pas qu’un seul type de neurotransmetteurs à la fois. Il y a tout un cocktail d’hormones qui provoquent un savant mélange de réactions dans notre cerveau, comme la sérotonine qui favorise la concentration et nous aide à rester éveillé couplé avec la dopamine, ou la norépinéphrine, qui active le système nerveux sympathique qui nous met en alerte. Vous comprenez mieux pourquoi beaucoup de créatifs sont aussi cocaïnomanes ? Chez Graphéine, nous avons préféré créer notre propre drogue : le nom "graphéine" est, comme nous l'appelons, "la substance active du graphisme". L'utilisation de graphéine provoque des visions, stimule la créativité et rend sérieusement dépendant... Vous en avez peut-être déjà senti les effets ! Car comme tous les stimulants, s'ils permettent en effet de booster l’éveil et la concentration, ils créent aussi un gros manque une fois l’effet passé (et ce sont des drogues dures, on le rappelle).

Lorsque le cerveau en reçoit trop, il sature et bloque le transport et les échanges entre neurones (il ferme le "péage", en gros). Cela crée un manque, qui crée une addiction sévère puisque le cerveau en réclame constamment et ne peut plus s’en passer. Mauvaise idée ! Imaginez la difficulté et le manque que vous ressentez si vous êtes forcés à ne pas regarder votre smartphone pendant toute une journée, et intensifiez-la par 400. Vous y êtes.

Dans le cas de la charrette, donc, qu’on soit motivé par un stimulus externe comme la peur et le stress d’un manque de temps, ou par un stimulus interne comme le soulagement et la fierté du rendu, l’anticipation et la projection vers ce moment t+1 inondent notre cerveau de dopamine et de cocktails d'hormones qui nous font agir. Plus les échanges entre les connexions neuronales libèrent des neurotransmetteurs spécifiques, plus notre cerveau est concentré et se déconnecte de toute notion du temps, plus on peut créer efficacement.

Mais la bonne nouvelle est qu'il existe un autre moyen de stimuler naturellement toutes ces hormones et de booster notre cerveau. Oui, parce que la nature a pensé à tout, évidemment. Encore faut-il savoir comment faire.

Le flow, plus fort que la drogue

Il est possible d'atteindre le même état d'éveil que sous stimulant chimique, mais sans cocaïne ni drogue et donc sans effets indésirables. Oui, cet état d'excitation s’aiguise et peut même se provoquer. Lorsque l'on trouve un sujet qui nous passionne au point de pouvoir y focaliser toute son attention, on peut atteindre le flow, un état de conscience optimal qui nous permet d’être le meilleur de nous même, dans toute notre intensité. On parlera de comment atteindre l'état du flow dans notre 4e article, mais ce qui nous intéresse ici est de savoir ce qui se passe dans notre cerveau lorsque l’on entre dans le flow.

Notre cortex préfrontal -responsable de tout ce qui est lié à l’organisation, au mental, au rationnel- baisse de régime et notre hémisphère droit -siège des émotions, de la créativité et de l'instant présent- prend le "dessus". On est ainsi pleinement dans l'instant présent, connecté au "grand tout" : notre égo s'efface et tout devient limpide, notre créativité glisse et tout se débloque.  Simultanément, tout un tas de messagers chimiques sont libérés dont la dopamine, la norépinéphrine, anandamine, la sérotonine et l’endorphine. Pour faire simple et sans rentrer trop dans les détails, la norépinéphrine est le précurseur de l’adrénaline et joue un rôle dans l’attention sélective, la vigilance, l’excitation. L’anandamine tire son nom du terme sanskrit ananda qui signifie béatitude ; c’est un cannabinoïde naturel, sa libération dans le cerveau est analgésique (anti-douleur). La sérotonine joue un rôle essentiel dans l’équilibre des humeurs (homéostasie), et le maintien d’une situation agréable. Enfin, l’endorphine est aussi un analgésique, qui procure une sensation d’extase. C'est une bombe, libérée naturellement par notre corps.

L’état cérébral lors du flow est si puissant que si l’humain avait le choix, il choisirait le flow avant la drogue, le sexe ou la nourriture. Steven Kotler, chercheur et spécialiste à ce sujet, parle d’une libération de dopamine 400x plus puissante qu’en temps normal; c’est l’équivalent de la sécrétion provoquée par une prise de cocaïne !

L'homéostasie : la clef des émotions

Si l'on parle d’excitation, de concentration et de désir, c'est que les émotions sont en effet au cœur du processus créatif. Le cerveau est perpétuellement en quête d'équilibre, d'harmonie ; c'est ce qu'on appelle l'homéostasie. En plus de la cascade de réactions naturelles engendrées par le stress extérieur, les scientifiques ont observé que les personnes aux émotions intenses (dépressives, ou euphoriques) sont plus créatives que les autres. Ou du moins plus les émotions sont élevées, plus cela a d'impact sur la créativité, même sans nécessairement tomber dans les extrêmes. Les personnes déprimées ou dans un état émotionnel négatif parviennent mieux à trouver des solutions créatives à un problème donné, à condition que la tâche soit jugée intéressante, et donc utile.

Sinon, c'est l'inverse qui se produit. Les émotions négatives poussent le cerveau à trouver des moyens pour s'en sortir et ainsi rétablir l'équilibre émotionnel. À mesure que ces solutions apparaissent, leur état s'améliore. C'est sûrement pour cela que pour les personnes stressées par une charrette, la fulgurante apparition de L'Idée peut provoquer un vif sentiment de soulagement, comme si le travail était déjà abouti. Ou inversement, le fait de ne pas trouver d'idée peut engendrer un stress qui paralyse.

À l'autre bout du spectre émotif, les personnes sujettes aux émotions positives plus vives augmentent également leur créativité grâce à leur capacité à faire jaillir et associer plusieurs idées différentes et nouvelles. Le cerveau ayant tendance à effacer les mauvais souvenirs pour ne garder que les bons, les personnes plus positives que la moyenne ont donc plus de matière dans laquelle piocher. Elles peuvent ainsi produire plus d'idées et d'images créatives en les associant grâce à leur mémoire ainsi élargie par leurs émotions positives.

Mais si finalement la création vous rend complètement neurasthénique et désintéressé par la tâche en question, on ne vous garantit pas d'être efficace. Un haut niveau de stress associé à un intéressement bas ne produira rien de bien glorieux. Mais dans ce cas, mieux vaudrait plutôt questionner votre vocation pour le design ? Dans les prochains articles, on vous donnera quelques clefs pour booster votre créativité et stimuler votre motivation.

 

Quelques sources (articles, recherches, vidéos) pour aller plus loin :
Cerveau & Psycho : La molécule qui déforme le temps, La dopamine messagère du désir, Les émotions au cœur de la création, Les bases neuronales de la perception du temps
Le Monde : Le temps un sixième sens à explorer
Pour la science : Le cerveau stressé
Université François Rabelais : La perception du temps
Arte : Mécanismes synaptiques de l'addiction
AsapSCIENCE: Your brain on Aderall


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2 commentaires :

  1. Merci ! Je pense que vous allez apprécier l’article 4 alors :) C’est le plus orienté sur le flow.

  2. Loïc Garnier :

    Waow ! Sacré article, sur la fin il y a une idée punchline à chaque paragraphe ou presque.
    Merci pour cet article ultra poussé, ça fait plaisir, et ça donne envie de cultiver le flow, et toutes autres activités safe qui déclenchent les mêmes neurotransmetteurs que les drogues !

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