Graphéine rend visite à Behance !
Première plateforme de créatifs au monde, Behance a rejoint la galaxie Adobe en 2012. La dote apportée par les Californiens était alors estimée à 150 M de $ par différents analystes. Une coquette somme pour une start-up de moins de 15 personnes, créée en 2006 dans le quartier new-yorkais branché de SoHo.
Petit détour culturel, il ne faut pas confondre le quartier londonien de "Soho" dont l'étymologie du nom proviendrait d'un "cri de chasse" pratiqué localement de manière ancestrale, et le quartier de "SoHo" à New York, dont le nom n'est autre qu'un raccourci de "South of Houston Street".
Profitant de notre voyage à New York avec toute l'équipe de Graphéine à l'occasion de la "Brand New Conference», nous avons rendu visite à l'équipe de Behance, et en particulier à "Oscar Ramos Orozco". Une occasion unique de jeter un œil sur les coulisses du 1er réseau social de créatifs au monde. Une occasion aussi de partager avec vous les petites recettes pour utiliser au mieux cette plateforme.
Qui veut un "Oscar" ?
Qui est "Oscar Ramos Orozco" me direz-vous ? Ce nom ne vous parlera probablement pas, sauf si vous avez déjà eu la chance de voir l'un de vos projets publiés sur Behance mis en avant sur l'un des différents sites dédiés de la galaxie Behance. Alors vous aurez reçu un email de la part d'Oscar intitulé "Congrats: Your Work Has Been Featured on Behance" !
À la base, nous étions persuadés qu'il s'agissait du pseudonyme farfelu d'un robot. Vous savez, comme quand on doit choisir un nom pour son ordinateur ou son serveur de sauvegarde. On a tendance à choisir un nom comme "Nestor" le fidèle serviteur de Tintin, ou bien "Jean-Pierre" le docile mari de ma sorcière bien-aimée. "Oscar" pour un robot primant les meilleurs projets de la plateforme nous semblait dans cette parfaite lignée !
La réalité est évidemment tout autre. Oscar nous attendait en bas des nouveaux bureaux d'Adobe à New York.
Ci-dessus: Philip, Sophie et Mathias discutent dans la cuisine des bureaux de Behance. Oscar, c'est la chemise blanche de dos.
L'œil de Behance...
Oscar a rejoint la start-up en 2008, à l'époque où l'équipe n'était encore qu'une bande 5 ou 6 développeurs animés d'une passion indemne pour toutes les formes de créations. Il était à l'époque designer freelance dans la région de Barcelone, mais son parcours de formation avait croisé l'histoire de l'art et la philosophie, faisant de lui un sacré curieux. Savait-il qu'il serait bientôt le seul homme à avoir "regardé en détail" plus de 5 millions de projets de design ?
Je précise "homme», car il faut souligner le rôle équivalent de sa collègue "Nami Berglund" que nous avons également croisée dans les couloirs. On chuchote qu'elle a travaillé sur la première PlayStation lorsqu'elle habitait encore au Japon. Sa coupe de cheveux asymétrique prend alors "aura magnétique" à nos yeux. Mais ne nous laissons pas déstabiliser. Oscar nous amène, au sens littéral et figuré, dans la cuisine de Behance. Deux développeurs jouent au ping-pong.
Chaque jour environ 12 000 projets sont publiés sur Behance par plus de 6 millions d'utilisateurs. Après un premier filtre éliminant les projets à vocation publicitaire (spam, pub, etc.) et les projets de moins de 3 images, il va rester environ 7 à 8000 projets. Oscar et Nami vont alors se repartir par domaine d'activité ces projets, et vont laborieusement les ouvrir un par un afin d'y dénicher les perles rares !
Concrètement, chaque matin depuis 7 ans, Oscar lance l'ouverture de centaines d'onglets dans son navigateur, puis se prépare un café en attendant le chargement de toutes les images. Puis il va consacrer 3 à 4 secondes par projet, fermant automatiquement les projets les moins intéressants. À la fin de la journée, sur les 3000 à 4000 projets qu'il aura ouverts, il ne devra rester que 6 projets qui seront alors mis en avant sur la page d'accueil de Behance.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, aucun robot ne peut actuellement remplacer ces "Turcs mécaniques». Certes, ce terme est peut valorisant, au regard de la qualité et de la précision du regard d'Oscar, mais il traduit bien la limite des taches non robotisables. En effet, seules la connaissance acquise et la mémoire visuelle d'Oscar vont pouvoir détecter les innombrables plagiats (ou très fortes inspirations) propres à ce type de plateforme. Oscar sera capable de reconnaitre la source d'inspiration de tel ou tel projet.
Oscar est irremplaçable !
En fait il jouit d'un statut à part dans l'entreprise. Il est l'un des plus anciens salariés (avec Nami !). Aujourd'hui Behance c'est environ 70 personnes, dont la grosse majorité s'occupe du développement et la sécurisation des serveurs. Oscar travaille la plupart du temps depuis chez lui, ne se rendant dans les bureaux qu'une fois par semaine pour un point hebdomadaire avec les équipes.
Oscar se considère plus comme un éditeur qu'un conservateur. En anglais on aurait utilisé le mot "Curator", mais sa traduction française "conservateur" sonne de façon bien trop "conservatrice". On connait bien le mot "curation de contenus", c'est un mot qui vient du champ de la muséologie pour entrer dans la vie de tous les jours et notamment dans des expressions ou activités liées au Web. Il n'apparaît en France qu'à la fin de l'année 2010, et sa définition fait encore débat. On pourrait se risquer à franciser le mot, cela donnerait "Curateur : personne en charge de rassembler, organiser et faire vivre un héritage culturel au sein d'une même collection pour mieux la diffuser au public". Appliquée à Oscar, la curation consiste à collectionner, agencer et partager les contenus les plus intéressants publiés sur Behance.
Ce qui est certain, c'est que la curation a joué un rôle crucial dans la stratégie de Behance, non seulement pour faire la promotion du site et de membres, mais aussi comme un moyen de défense de la "méritocratie créative". À une époque où la connaissance a été reléguée comme élément secondaire au profit du "plus visible, du plus sensationnel", Behance veut être à la fois la mémoire de la création contemporaine et la perspective qui transforme l'information en connaissance, afin de fournir les meilleures ressources possibles pour les créatifs. Pour cela, la curation d'Oscar va mettre en avant les projets les mieux conçus et aussi les mieux expliqués, avec le maximum d'objectivité et de neutralité possible.
La vidéo ci-dessous présente en détail ce travail de titan.
Merci de nous avoir permis de voyager dans l’univers Behance👍
Graphiste Freelance, ravi d’en savoir plus sur Behance merci… En arabe (choukran شكرا)
merci :-)
Quel plaisir de lire cela, quel bel hommage à Oscar grâce auquel j’ai pu vivre des aventures créatives… Quel plaisir de partager avec vous cette histoire commune autour de cette Start up magique où nous nous sommes croisés. Belle initiative que de partager ce témoignage avec la communauté. Respect total !
Bonjour,
Dessinateur et Illustrateur Freelance, je suis ravi d’en savoir plus sur Behance car j’y avançais un peu en « aveugle » et maladroitement… il semble que ce soit un outil de com’ indispensable … je sais maintenant mieux l’utliser…
faboune-art.com
Bonjour,
Pour utiliser la création il faut demander l’autorisation au créateur ou à Behance ?
Merci de votre réponse
Bonjour, super intéressant, en effet. J’ai débusqué aussi une « fôte » : on écrit « dot » et non pas « dote », même s’il ne s’agit pas de « dot obsession » (quoique…).
Merci pour ce super article ! J’en ai reçu quelques un des mail d’Oscar :)
Merci ! Cet article répond exactement à plusieurs questions que je me posais à propos de Behance ! :)
Bonjour, vraiment très chouette comme article, ça donne vraiment envie de repenser toute sa stratégie de publication et de mise en page des articles sur Behance et autres réseaux sociaux ! Sinon, moi aussi j’ai remarqué une tout petite faute, mais qui en soit est quand même importante. Vous avez écrit trois fois SagEmeister, et non Sagmeister, et même si je ne met pas en question sa sagesse, je pense qu’il préférerait sans le E ;) Merci encore pour cet article et bonne journée !
Merci ! Corrigé !
Bonjour, article très intéressant !!! ( J’ai aperçu une faute de frappe dans le paragraphe » Oscar est irremplaçable ! , à l’avant – avant – dernière ligne , il y a deux fois le mot « mettre » ).