Après 16 ans de bons et loyaux services, Google se rase les empattements et nous présente un logo tout beau, tout frais. Un véritable jeune homme de 16 ans fraichement sorti du barbier !
Entre les premières heures du moteur de recherche, l'apparition de la messagerie Gmail, du système d'exploitation Android, jusqu'à la création de l'Alphabet, de l'eau a coulé sous les ponts de Mountain View. Aujourd'hui Google est protéiforme, mobile, fluide, omniprésent. C'est notre compagnon digital quotidien dont l'ambition modeste est de nous simplifier la vie.
D'ailleurs si son look est toujours resté très modeste, c'était assurément une forme de fausse modestie. Ne regardez pas la carrosserie, ce qui compte c'est le moteur. La preuve n'étant plus à faire. Google nous fait une petite démonstration de design minimaliste. Admirons !
Au début était le verbe...
On le sait, Google est maintenant entré dans le dictionnaire sous la forme d'un verbe. C'est aussi par le verbe que la réflexion sur l'évolution de son identité visuelle est née.
Plus tôt dans l'année, l'ensemble des équipes se sont réunies à New York pour un intense workshop créatif. Leur première tache fut de jeter des mots, des concepts pour essayer de résumer l'ambition visuelle de cette identité de marque. Au final, c'est un mémo de 4 lignes...
Une identité de marque la plus responsive possible.
Une identité de marque vivante et intelligente, répondant à toutes les interactions possibles.
Une infinie cohérence dans le déploiement de cette identité pour des utilisations multiples et quotidiennes.
Un design raffiné, dès aujourd'hui comme pour demain, afin de s'adapter aux évolutions des futurs besoins.
Bon en gros, avec un peu de mauvaise foi, on pourrait résumer par : un logo qui fonctionne à toutes les tailles, qui soit dynamique, une charte graphique cohérente et élégante. ( J'ai comme l'impression de lire un brief client... ).
Ensuite, ils ont décortiqué les fondamentaux de leur identité visuelle. Papier, colle, ciseaux... ils se sont fait plaisir comme on peut le percevoir sur la photo du workshop ci-dessus.
Après quelques centaines d'heures de travail, il ne restait plus que 4 ronds colorés sur le tableau blanc. L'ADN de la marque ?... Faut avouer que c'est difficile de faire plus simple... et pourtant ça marche !
NB: Sous le tableau blanc, il faut imaginer 4 stagiaires faisant onduler les post-its pour illustrer l'idée de "mouvement intelligent", le point 2 du mémo.
Le diable est dans les détails
Avec Google, il est souvent question de diable. Don't be evil (littéralement, « Ne soyez pas malveillants ») est la devise informelle. Le sixième point du décalogue philosophique de Google stipule : « Il est possible de gagner de l'argent sans vendre son âme au diable ».
Par contre, en matière de design, le diable est souvent dans les détails, et Google ne l'ignore pas.
Voici donc une diabolique leçon de design en quatre couleurs :
Le logotype
L'esprit de Google a toujours été vers un maximum de simplicité et de convivialité. Ces qualités sont donc évidemment conservées dans le nouveau logotype. On peut y ajouter maintenant la pureté géométrique.
La typographie perd ses empâtements au profit d'un caractère sans-sérif géométrique. ( Une tendance profonde en matière de design de marque depuis 4 ou 5 ans !). Seule touche de "fun" le petit basculement du "e" final. ( Whaoo ! trop délire ! ).
Évidement, avec un tel niveau de minimalisme, difficile de faire plus lisible en corps 5. L'épreuve de la réduction à la photocopieuse est réussie haut la main.
Cependant, comme vous le savez, les photocopieuses n'existent plus, et le nouveau critère du crash-test de logo à prendre en compte est l'icône d'application. Et là... problème... enfin, non... Voyons la solution...
Le point G du logo
Pour pallier le problème de réduction du logo en icône, une lettrine "G" nous est proposée. C'est directement la lettre "G" du logo augmenté des quatre couleurs.
On peut noter que dans la vidéo ci-dessus Google semble se tromper sur le sens de lecture ( et de dessin ) d'un "G". On commence toujours par dessiner ( et lire ) un "G" par l'extrémité du haut pour terminer par la barre centrale.
Les mauvaises langues (dont je fais partie) verront dans cette icône un "camembert" parfaitement adéquat pour Google Analytics.
Et si on retire "l'acidité" de notre analyse, on aurait plus rien à dire sur le "PH neutre" de cette icône. En vrai, elle est simple, donc belle.
Les 4 points du point 2
Là je sens que je vous perds... Je vous laisse relire le mémo de la dreamteam de Google...
Attention, c'est le cœur de ce qui va faire l'identité de marque de Google 2015. Quatre points en perpétuel mouvement. Ils représentent l'intelligence de Google au travail. Quatre neurones qui vibrent quand Google travaille pour vous. ( Enfin, c'est ce que l'on est censé croire. Car chacun sait que ce n'est pas Google qui travaille pour nous, mais nous qui travaillons pour Google en lui confiant gratuitement nos neurones. Mais c'est une autre histoire... )
On peut quand même admirer la palette d'expressions qui nous est proposée: l'écoute, la pensée, la réponse, l'incompréhension, la confirmation...
Si ce langage nous semble si familier, c'est qu'il est en partie anthropomorphique. Comme ce hochement de "points" pour dire non de la tête. C'est surtout qu'il est admirablement bien animé !
4 % de soleil en plus
Dernier point important dans cette nouvelle identité c'est la couleur.
Jusque là, les 4 couleurs ne se touchaient jamais. Maintenant, avec l'icône "G", les couleurs se chevauchent. Optiquement, dès lors qu'il n'y a plus de blanc entre les couleurs, ces dernières vont sembler plus sombres, plus ternes. Alors, c'est l'occasion de leur donner un petit coup de soleil...
La typographie
En parallèle du travail sur le logotype, une typographie spécifique a été conçue pour faciliter la conception de l'architecture de marques. Elle se nomme "Product Sans". C'est une linéale géométrique dont la neutralité n'est même pas nécessaire à prouver. Elle pourrait s'apparenter à celle de Facebook, qui pourrait elle-même s'apparenter à celle d'Apple, Adobe...
On peut également vous renvoyer à la conclusion de notre article sur le logo Yahoo, et l'homogénéisation des dessins typographiques de logos de grandes marques...
Le nom de cette typo est également tout un poème ! "Product Sans"... Je pense qu'un psychanalyste-économiste-dessinateur-de-caractères-anti-capitaliste se ferait un malin plaisir d'analyser ce nom...
La réalité, c'est que l'enjeu de l'identité de marque n'est plus aujourd'hui dans la typographie. On le regrette évidemment... Comme on le voit ici, le coeur de la marque Google c'est 4 points de couleur en mouvement, comme "un peu plus" que 3 points de suspension...
De toute façon, Google suspend vos interrogations, et complète la fin de vos phrases. Même pas le temps d'écrire. Alors, pourquoi se poser la question de la typographie... c'est le mouvement qui fait sens désormais.
Poids plume
On vous épargne les explications techniques et l'optimisation Svg du logo sur les différents écrans, ce qui est certain, c'est que rarement autant d'ingénierie aura été mise au service de l'optimisation d'un logo. Ainsi, grâce, entre autres, à la suppression des empattements, il leur est possible d'obtenir une version du logo de 305 octets contre 14.000 octets avant.
Bravissimo !
Bon, soyons francs, cette identité est rondement bien maitrisée. Au final, la quintessence de cette marque se résume en 4 ronds colorés et vivants. Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! On aurait pu dire… Oh ! Dieu !… bien plus de choses en somme... mais l'air du temps est à l'ascétisme.
Sans ironie, c'est simple, beau, élégant, intelligent, la géométrie est parfaite , les proportions universelles, les compositions au cordeau...
En un mot : C’est beau !
Pourquoi faire simple quand on peut faire ce qu'on veut ?
C'est une bonne question... ( Merci Jérémie ! )
On peut regretter le manque d'aspérités, ces accidents qui font la singularité des signes et qui conservent la trace d'une histoire singulière. Avec ses moyens illimités, Google aurait probablement pu nous raconter une histoire avec un peu plus d'épaisseur... un peu plus d'inattendu... ou simplement de poésie...
En s'adressant à 7 milliards d'utilisateurs ( clients ? ), il semble inévitable de rechercher le sens commun plus que la singularité, quitte à obtenir 4 points de couleurs primaires en guise de dénominateur commun.
La tradition humaniste se perd...
Notre dernier petit regret, c'est la disparition de ce "g" humaniste. Vous savez, quand la boucle inférieure du "g" se referme avec élégance... comme pour dessiner une petite paire de lunettes de piscines ( goggles en anglais ).
Cela aurait permis de conserver une petite trace humaniste, un savant mélange entre une typographie linéale géométrique et les caractères romains de la Renaissance. Sans parler de la petite histoire que l'on aurait pu se raconter le soir au coin du feu... "tu avais vu les lunettes de piscine dans le "g" de Google ? "... un peu comme pour la flèche du logo Fedex...
Je trouve aussi que c’est un peu dommage pour le g minuscule, mais surtout le G cap est trop fin par rapport aux minuscules, il fait la même épaisseur, c’est un peu une erreur de débutant. C’est le comble quand on pense qu’avec Google on peut trouver tellement d’infos sur la typo.
Ce n’est pas un très bon logotype, enfin quoi que, l’animation sur google.fr est une bonne illustration de la philosophie directrice de ce changement – un bras tracé au crayon qui dessine à la craie le logotype. On comprend la stratégie derrière, google cible l’enfant, l’enfant en chacun de nous mais aussi l’enfant ou le pré-ado. L’environnement social nous a appris que les marques très performante dans le premier age utilisent des couleurs vives, primaires, intenses et pures. Il suffit de voir le packaging de play doh, playmobil play, play, play, google play ? A la couleur il faut associer la forme et cette forme sera géométrique et donc du jeu de construction, il faut que ce soit intuitif : un carré dans une forme carrée, un cercle dans un cercle. Google agrège la forme et le fond.
Tous les éléments sont en place, il faut maintenant construire la forme et lui donner sa couleur. On prend une linéale géométrique (strictement géométrique), qu’importe si l’Histoire la juge trop stricte, pas assez humaniste, pas assez chaleureuse ni généreuse – mais un corps parfait – or la nouvelle typographie en vieillissant avait jugé que cette typographie s’était éloigné de son sujet : l’être humain. Il faut aussi des couleurs, vives, bien sur, saturées, bien sur, identifiables, primaires, intense, bien sur. Le génie de Google est d’avoir intégré la tendance du moment, celle de la table rase, il s’adapte à la nouvelle génération c’est à dire des géomètres, des ingénieurs, des techniciens : des cerveaux géométriques sans passé et peut être sans avenir, ils sont joueurs et dynamiques dans un espace restreint Le mot d’ordre : il faut jouer ! Il faut jouir et pour jouir il faut consommer, consommer du tout « culture », image, son, avec dans le rôle du serveur celui qui vous apporte sur un plateau votre dose quotidienne : Google.
Donc une linéale géométrique, assez laide, sans subtilité optique et des couleurs vives pour attirer l’œil. Puis regardez ces petites boules, elles sont mignonnes, elles sont rigolotes, elles sautent, elles vivent, ça bouge, ça s’amusent !
Le nouveau logo sort de chez le barbier pour retourner chez Mcdo ! Je suis seul à trouver cette typo particulièrement épaisse ? Ce logo est beau c’est vrai, mais pour moi, il a perdu en élégance et en prestige.
Laissez-nous votre email et recevez votre dose mensuelle de Graphéine dans votre boite mail.
Gérer le consentement aux cookies
Nous utilisons des 🍪 pour optimiser notre site.
Consultez les mentions légales pour plus d'informations.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou la personne utilisant le service.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques. Nous utilisons les services de Google.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’internaute sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires. Nous utilisons les services de Google.
Je trouve aussi que c’est un peu dommage pour le g minuscule, mais surtout le G cap est trop fin par rapport aux minuscules, il fait la même épaisseur, c’est un peu une erreur de débutant. C’est le comble quand on pense qu’avec Google on peut trouver tellement d’infos sur la typo.
N’est-ce pas trop proche du logo Qwant ? : https://twitter.com/314R/status/638793381221658624
Ce n’est pas un très bon logotype, enfin quoi que, l’animation sur google.fr est une bonne illustration de la philosophie directrice de ce changement – un bras tracé au crayon qui dessine à la craie le logotype. On comprend la stratégie derrière, google cible l’enfant, l’enfant en chacun de nous mais aussi l’enfant ou le pré-ado. L’environnement social nous a appris que les marques très performante dans le premier age utilisent des couleurs vives, primaires, intenses et pures. Il suffit de voir le packaging de play doh, playmobil play, play, play, google play ? A la couleur il faut associer la forme et cette forme sera géométrique et donc du jeu de construction, il faut que ce soit intuitif : un carré dans une forme carrée, un cercle dans un cercle. Google agrège la forme et le fond.
Tous les éléments sont en place, il faut maintenant construire la forme et lui donner sa couleur. On prend une linéale géométrique (strictement géométrique), qu’importe si l’Histoire la juge trop stricte, pas assez humaniste, pas assez chaleureuse ni généreuse – mais un corps parfait – or la nouvelle typographie en vieillissant avait jugé que cette typographie s’était éloigné de son sujet : l’être humain. Il faut aussi des couleurs, vives, bien sur, saturées, bien sur, identifiables, primaires, intense, bien sur. Le génie de Google est d’avoir intégré la tendance du moment, celle de la table rase, il s’adapte à la nouvelle génération c’est à dire des géomètres, des ingénieurs, des techniciens : des cerveaux géométriques sans passé et peut être sans avenir, ils sont joueurs et dynamiques dans un espace restreint Le mot d’ordre : il faut jouer ! Il faut jouir et pour jouir il faut consommer, consommer du tout « culture », image, son, avec dans le rôle du serveur celui qui vous apporte sur un plateau votre dose quotidienne : Google.
Donc une linéale géométrique, assez laide, sans subtilité optique et des couleurs vives pour attirer l’œil. Puis regardez ces petites boules, elles sont mignonnes, elles sont rigolotes, elles sautent, elles vivent, ça bouge, ça s’amusent !
Le nouveau logo sort de chez le barbier pour retourner chez Mcdo ! Je suis seul à trouver cette typo particulièrement épaisse ? Ce logo est beau c’est vrai, mais pour moi, il a perdu en élégance et en prestige.